
Ce matin, les élèves de l'école Moser à Genève ont eu l'opportunité d'écouter le témoignage de Noëlla Rouget, résistante française arrêtée en juin 1943 et déportée à Ravensbrück pendant la Seconde Guerre Mondiale. "Je ne suis ni historienne ni professeur d'Histoire. Je suis un témoin qui a vu, qui a subi, et vu aussi des milliers d'autres femmes et d'enfants subir les terribles sévices infligées par des hommes dont le pays avait perdu son âme", a-t-elle déclaré devant une salle remplie d'oreilles attentives et captivées par ce témoignage plus qu'émouvant.
Résistante contre l'occupation nazie, Noëlla Rouget explique aux élèves les risques qu'elle encourait en désobéissant aux lois allemandes, et parle de son arrestation et de son emprisonnement à Angers. D'Angers à Compiègne, elle est ensuite déportée au camp de Ravensbrück, où elle ne sera libérée qu'en avril 1945.
Voyage avec des déportés entassés dans des wagons à bestiaux, fouilles, manque d'hygiène et de nourriture, travail difficile et fatigue, froid, famine et maladies, expériences sur les corps, chambres à gaz... la rescapée témoigne avec émotion des conditions inhumaines mais aussi de l'atteinte à la dignité et de l'humiliation ressentie dans les camps de la mort.
"Aucun détenu ne doit tomber vivant aux mains de l'ennemi", avait ordonné Himmler aux commandants des camps. "Il avait donc donné l'ordre de tous nous exterminer, mais ils n'en ont pas eu le temps. Nous sommes là, des rescapés qui se sentent l'impérieux devoir de parler, pour rendre hommage à ceux que nous avons laissé dans les crématoires des camps. Dire les souffrances vécues avant leur anéantissement, raconter les horreurs vues et vécues pour nos camarades", a déclaré Noëlla Rouget qui confie régulièrement ces moments douloureux de sa vie aux étudiants. "Quand je vous parle des souffrances que nous avons vécu à Ravensbrück, je parle pour prêcher la vigilance auprès des jeunes générations car si Auschwitz a été possible, Auschwitz est possible tant que règne dans le monde la haine de l'autre, le racisme et la haine", a-t-elle ajouté.
© CICAD
Cette rencontre intervient dans le cadre de la préparation au voyage à Auschwitz-Birkenau, organisé comme chaque année par la CICAD fin novembre pour perpétrer la mémoire de la Shoah auprès des élèves et des enseignants de Suisse romande. Cette année, près de 250 d'entre eux se rendront en Pologne et seront suivis par une équipe de journalistes de Léman Bleu.
Voir le reportage du témoignage de Noëlla Rouget diffusé dans le téléjournal de Léman Bleu.
Source : Elodie pour la CICAD, 14 novembre 2012.