« 2ème Génération »
Enfants de Résistants déportés et de responsables nazis témoignent
Consciente de la disparition des témoins directes de la Shoah, la CICAD innove en proposant en 2018, son programme « 2ème génération : enfants de Résistants déportés et de responsables nazis témoignent » . Un programme à visée pédagogique qui s’inscrit dans une démarche de transmission de l’histoire de la Shoah par le témoignage. Des témoignages bouleversants qui confrontent deux paroles qui semblent au départ tout opposées, vont permettre aux élèves de saisir le traumatisme qu’à pu constituer dans les familles, la guerre et ses suites.
« Le premier danger n’est pas l’oubli, ni la négation, mas bel et bien la banalisation de la Shoah. » Simone Veil
« 2ème Génération »
« Fallait-il être loyal envers ma famille et honorer leur promesse de rester silencieux ou la rompre consciencieusement en parlant du passé de mon père ? J’ai choisi de parler. C’est un devoir moral. Ce génocide n’est pas seulement « l’affaire» des persécutés et de leurs familles, c’est aussi «notre affaire» ». Un lourd héritage que porte Ulrich Gantz, fils d’un membre de la police du IIIe Reich et qui a fait partie de la « Einsatzgruppe B« .
Un témoignage exceptionnel qu’il livre avec la CICAD depuis 2018 aux côtés de Barbara Brix, fille d’un médecin aux ordres de la « Einsatzgruppe C » et officier en Ukraine entre 1941 et 1943. Un récit unique et en présence de deux enfants de Résistants français, Yvonne Cossu et Jean-Michel Gaussot, rencontrés au Mémorial de Neuengamme près d’Hambourg. Des parcours de vie que tout oppose mais qui aujourd’hui s’unissent pour témoigner de ce que fut la Shoah.
Un projet initié par la CICAD, consciente que les derniers rescapés de la Shoah ne pourront bientôt plus témoigner. C’est à la deuxième génération à présent de devenir porteur de la mémoire de celles et ceux qui furent exterminés par millions.
Le programme de la CICAD « 2e génération : enfants de résistants déportés et de responsables nazis témoignent » propose aux établissements scolaires de rencontrer des descendants de résistants et de nazis. Une discussion entre deux paroles qui permet d’analyser les mécanismes du déni mais aussi de la recomposition de la mémoire.
Présentation
Barbara Brix
« J’aimerais particulièrement dire merci à la CICAD d’avoir fait ce geste que je trouve courageux et généreux de nous avoir invités, nous, descendants de persécuteurs. Je suis reconnaissante de pouvoir soutenir le travail important que fait la CICAD ».
Fille d’un officier SS (Organisation paramilitaire et policière nazie fondée en 1925 pour assurer la protection personnelle d’Adolf Hitler et qui devint une des principales organisations du régime national-socialiste). Son père était aux ordres de la « Einsatzgruppe C » en tant que médecin et officier SS pendant un an et demi en Ukraine. Puis il a fait partie d’une division de la « Waffen-SS » en France et en Normandie au moment du débarquement des alliés en 1944.
Yvonne Cossu-Alba
« Après des années de repli et de silence, j’ai trouvé le courage et la volonté d’en apprendre plus sur la déportation de mon père et d’en parler. »
Elle avait huit ans quand, le 19 octobre 1943, des membres de la milice de Vichy et de la Gestapo ont arrêté son père. Il était chef de la Résistance dans la Péninsule de Crozon, en Bretagne. 18 mois plus tard, Robert Alba décédait au camp de Sandbostel, où il avait été évacué en avril 1945, avec 9000 autres détenus du camp de Neuengamme. Yvonne Cossu a écrit « Aller sans retour pour un camp nazi » (Châteaulin 2007). Elle est aujourd’hui présidente d’honneur de l’Amicale française de Neuengamme.
Ulrich Gantz
« Fallait-il être loyal envers ma famille et honorer leur promesse de rester silencieux ou la rompre consciencieusement en parlant du passé de mon père ? J’ai choisi de parler. C’est un devoir moral.
Ce génocide n’est pas seulement » l’affaire » des persécutés et de leurs familles, c’est aussi » notre affaire ». »
Son père était membre de la police du IIIème Reich et a fait partie de la «Einsatzgruppe B». Après la guerre il a été jugé, accusé de fusillades de masse en Biélorussie. Il a échappé aux poursuites pénales faute de preuves.
Barbara Brix et Ulrich Gantz sont membres de l’association «Amis du Mémorial de l’ancien camp de concentration de Neuengamme», près de Hambourg. Ils sont très engagés dans le travail de Mémoire.
Jean-Michel Gaussot
« J’ai ressenti le besoin de faire mon possible pour contribuer à maintenir vivante la mémoire de la Déportation, afin que les victimes du nazisme échappent à l’oubli, qui serait pour eux une deuxième mort, et que les nouvelles générations soient conscientes des horreurs qu’entraînent les idéologies mortifères. »
Ancien Ambassadeur de France, il a grandi avec l’histoire d’un père héros. Résistant, celui-ci a été assassiné dans une annexe du camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg, quelques jours avant la fin de la guerre, en avril 1945, sans qu’il n’ait jamais fait la connaissance de son fils de cinq mois.
Son livre «Ode au grand absent qui ne
m’a jamais quitté», écrit à l’âge de 70 ans, retrace le destin de cet homme qu’il n’a pas connu, mais qu’il a toujours vénéré (L’Harmattan 2016).