Le mot du Président

Laurent Selvi, Président de la CICAD

Depuis une année, et particulièrement depuis le 7 octobre 2023 et le pogrom perpétré par le Hamas, nous vivons un déferlement de haine anti-juive d’une ampleur et d’une violence rare.

 

Face aux horreurs de la journée du 7 octobre c’est une convulsion haineuse qui s’est emparée du monde et traverse nos sociétés, une « pulsion exterminatrice » comme l’a dit l’auteur Marc Weitzmann.

 

Alors que d’aucun voudrait cantonner l’antisémitisme à une haine figée à l’extrême-droite, le réduire à un symptôme qui soit nécessairement celui de la dérive fascisante et nazifiante d’une droite identitaire et nationaliste, il démontre depuis octobre dernier qu’il est surtout la haine matricielle de tous les extrémismes, quel que soit leur place sur le spectre des opinions politiques.  Il montre aussi, crument, qu’il est le symbole du dévoiement d’un certain progressisme et la faillite d’un humanisme qui a abandonné l’universalisme au profit du communautarisme le plus vil.

 

Cela fait des années que des chercheurs (à l’instar de Pierre-André Taguieff dans La nouvelle judéophobie en 2002) attirent l’attention sur cette lente dérive vers un antisémitisme né de la lutte décoloniale, de la lutte contre le racisme et du long travail d’entrisme de mouvements qui souhaitent la fin d’un modèle occidental libéral et universaliste.

 

Nous y sommes et l’heure du constat des dégâts effrayants causés par ces idéologies est venu. Nous sommes dans cette tempête qui voit l’avenir de nos démocraties devenir un enjeu existentiel et dans lequel la haine du juif est, comme souvent, le signe extérieur d’un profond pourrissement.

 

Ici, sur notre terrain, il nous appartient de manière volontaire et sans crainte de nous engager dans ce combat :

pour faire respecter et appliquer de manière constante l’article 261bis de notre code pénal, pour lutter contre l’essentialisation de nos concitoyens juifs à leur seule appartenance religieuse, pour lutter contre les amalgames et les procès en double-allégeance, pour constamment rappeler la définition de l’antisémitisme donnée par l’IHRA et à laquelle notre pays adhère, pour soutenir les victimes, pour déployer une pédagogie efficace dans les écoles et le public, pour faire le nécessaire travail de mémoire de la Shoah.

 

L’année d’activité qui s’achève a été marquée par l’embrasement de la haine antisémite et il y a fort à parier que celle qui suit le sera tout autant. La CICAD est mobilisée, et l’ensemble des outils et des compétences développés depuis des années est mis à disposition de toutes les missions qu’il nous faut remplir, de tous les combats qu’il nous faudra mener pour que nous, juifs de Suisse romande, soyons assurés d’être des citoyens à part entière en toutes circonstances.

 

Remercions ici notre Secrétaire Général, nos équipes et les membres de notre Comité pour lesquels cet engagement est une préoccupation quotidienne.

 

Remercions aussi ici toutes celles et ceux qui, à leurs places et fonctions, par leur efforts ou leur soutien, permettent à la CICAD d’exister et d’être présents sur tous les fronts.

 

Nous sommes là.