L’édito du Secrétaire général
Johanne Gurfinkiel, Secrétaire général de la CICAD
J’ai choisi de résister
Oyé, oyé, chères concitoyennes, chers concitoyens.
Le silence et le mutisme sont de rigueur. Rentrez aux abris, le combat contre l’antisémitisme devra attendre. Il faut désormais
Que nous détournions le regard.
Que nous acceptions l’abject au nom d’une cause que nul ne songe à nier.
Que nous tolérions l’intolérable, sous prétexte de ne pas troubler une mobilisation.
Mais l’antisémitisme n’est jamais une cause. C’est une haine.
Et cette haine, en 2024, a explosé en Suisse romande.
1789 actes et propos antisémites recensés.
Une déferlante qui a envahi nos rues, nos écoles, nos réseaux sociaux.
Le plus inquiétant n’est pas seulement l’ampleur de ces actes.
C’est le climat qui les a rendus possibles.
Par naïveté, par crédulité, par romantisme, par excès, par une nature violente, par antisémitisme, le débat politique s’est déplacé.
On aurait voulu tout nous, vous faire accepter.
On aurait voulu nous interdire de nommer ce que nous voyions.
Créer un malaise généralisé, accroître un sentiment anxiogène qui trouve son essence dans un recours à la violence verbale, lorsqu’elle n’est pas, dramatiquement, physique.
Cette réalité s’est imposée.
J’ai choisi de ne pas m’y résigner. J’ai choisi de résister. Et je sais que nous sommes chaque jour plus nombreux.
Car aucun engagement, si noble soit-il, ne saurait justifier la banalisation voire l’abject.
Et l’antisémitisme, qu’il se manifeste sous des oripeaux militants ou dans l’anonymat des réseaux, demeure ce qu’il a toujours été : une haine viscérale, un ferment de violence, une négation de l’humanité.
À la CICAD, nous avons multiplié les actions :
- Renforcer notre veille et notre travail d’analyse pour documenter l’antisémitisme ;
- Accompagner les victimes ;
- Former et sensibiliser les élèves, les enseignants et plus largement la société civile ;
- Plaider la nécessaire mobilisation des autorités
- Préserver la Mémoire de la Shoah soumise aux affres de la banalisation et de son détournement.
Mais résister aujourd’hui, c’est aussi assumer d’exposer son visage à ceux qui veulent nous faire taire.
Ces derniers mois, la CICAD a été violemment attaquée. Elle le sera probablement encore.
Malgré les injures et les menaces qui ont ciblé la CICAD ou moi-même.
Malgré la volonté manifeste d’une certaine gauche qui, au nom du progressisme, détourne les yeux face à l’antisémitisme. Nous accusant, sans preuve, d’assimiler toute critique de la politique d’Israël à de l’antisémitisme et ainsi justifier leur silence voire leur stigmatisation. Voilà, la démonstration de cette essentialisation nauséabonde maintes fois dénoncée.
Qu’ils se rassurent même les Questions parlementaires, injonctions, procès à charge, articles propagandistes dont l’éthique semble avoir déserté les colonnes, nous ne nous tairons pas. Nous garderons notre liberté.
Pas par vanité.
Mais parce que je crois qu’il est de mon devoir de rappeler que lutter contre l’antisémitisme n’est pas une posture politique : c’est un impératif démocratique.
Face à ceux qui veulent nous intimider, je le redis : nous ne céderons rien.
Ce combat ne peut être celui de la seule CICAD et les institutions qu’elle fédère.
Il nous engage toutes et tous. Nos amis sont nombreux, sincères dans leur engagement.
Insuffisamment remerciés, ces quelques lignes m’offrent l’occasion de leur dire ma gratitude en premier lieu, à notre Président, Laurent Selvi, à notre Vice-président David Sikorsky, à notre Trésorier, Francois Leven, l’ensemble des membres du Comité et celles qui œuvrent sans relâche chaque jour, l’équipe CICAD qui s’attelle à la tâche avec professionnalisme et détermination, malgré les défis.
Sans oublier l’ensemble des élus et personnalités qui portent haut les couleurs de nos cantons et de nos communes en se mobilisant avec énergie à nos côtés.
Chaque citoyenne, chaque citoyen doit refuser la tentation de détourner le regard.
J’ai choisi de résister.
Parce que le silence serait complice.
Parce que l’inaction serait coupable.
Je vous invite à faire de même.