Des supporters croates font du grabuge après leur défaite en Youth League
Filouterie d’auberge, bagarres et jets de projectiles ont émaillé l’avant et après match de lundi à la Praille.
Des supporters croates font du grabuge après leur défaite en Youth League
Lundi soir, les Néerlandais de l’AZ Alkmaar ont remporté la finale de la Youth League 5 à 0 contre les Croates du Hadjuk Split au stade de la Praille. Une défaite manifestement difficile à digérer pour certains, qui n’ont d’ailleurs pas attendu le début de ce match de football pour commencer à semer la zizanie en ville, notamment avec des filouteries d’auberge. La police genevoise fait aussi état de nombreuses bagarres entre des fans croates réguliers et des ultras durant le match dans l’enceinte du stade et après le match sur l’esplanade.
«C’est un groupe d’ultras assez réputé dans le mauvais sens du terme en Europe, ils ont tendance à se croire un peu partout chez eux», explique Alexandre Brahier, porte-parole de la police genevoise. Vendredi déjà, des échauffourées avaient eu lieu vers 17 h 30 avec des supporters locaux servettiens. «On a dû faire usage de moyens de contrainte, en l’occurrence des balles en caoutchouc, puis il y a eu un retour au calme très vite.»
7000 pro-Croates
Lundi, il y avait 10’000 personnes au stade, dont 7000 en faveur du club croate perdant. Une partie d’entre eux était restée à Genève pendant le week-end, et une autre était retournée en Croatie pour assister à un autre match de l’équipe adulte.
«Lundi, ils étaient assez nombreux en début d’après midi en ville, reprend le chargé de communication. Ils ont consommé dans les établissements publics sans forcément payer la note, et ont jeté des projectiles sur nous à la place du Molard.»
Ces supporters ont tendance à se déplacer en nombre et être très «solidaires. Quand on veut interpeller un des leurs, une centaine de supporters font obstruction, allument des fumigènes… Notre priorité est alors de faire en sorte qu’il y ait le moins de troubles à l’ordre public possible.»
Ces supporters ont ensuite été encadrés par la police lors de leur déplacement vers le stade, pendant lequel ils ont fait usage d’engins pyrotechniques et de pétards.
Une interpellation
«Ils se sont battus à de nombreuses reprises, donc la police a assuré une présence dissuasive au centre-ville jusqu’à 22 h 30-23 h.»
Vers 21 heures, un individu qui aurait agressé une agente Securitas lors de la demi-finale de vendredi a été interpellé après avoir été reconnu. Il a été mis à disposition du Ministère public.
Références historiques nauséabondes
La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad) craignait que des slogans fascistes entachent le match. En effet, selon une vidéo diffusée par le GHI sur les réseaux sociaux, «des supporters n’ont pas hésité à défiler et scander, dès le week-end dernier dans les rues de la Vieille-Ville, des slogans à la gloire des Oustachis», un mouvement nationaliste croate antisémite.
Selon un communiqué de la Cicad, les Oustachis, «un mouvement croate séparatiste, antisémite et fasciste, instaurèrent l’État indépendant de Croatie entre 1941 et 1945 avec le soutien de l’Allemagne et de l’Italie». Le mouvement «instaure d’emblée une dictature meurtrière, persécutant les populations serbes, Juifs, et Tziganes. Massacres, tortures et déportations en camps de concentration et d’extermination, dont le plus tristement célèbre: le camp de Jasenovac, marquèrent leur politique de purification ethnique.»
«Il est totalement hallucinant d’entendre ce type de référence au fascisme dans les rues, commente Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Cicad. Nous ne sommes pas accoutumés à ce genre de démonstration haineuse en plein cœur de la cité genevoise. Il est aussi à déplorer que nous ne disposions pas encore de base légale pour intervenir.»