Procès d’Alain Soral: les défenseurs des minorités dénoncent
La CICAD et six associations LGBT critiquent publiquement la condamnation en demi-teinte du pamphlétaire. Elles demandent au Ministère public de faire appel.
Le Tribunal de Lausanne vient de condamner Alain Soral pour diffamation. Les propos suspectés d’homophobie, en revanche, n’ont pas été considérés comme discriminants, ni constitutifs d’incitation à la haine contre la communauté homosexuelle au sens de l’art. 261bis du Code pénal. Ce verdict a fait réagir les défenseurs des minorités qui ont donné de la voix cette semaine. Lundi, la Cicad regrettait cette décision et appelait à une modification de la loi. Mercredi, six associations LGBT ont demandé publiquement au Ministère public de faire appel.
La présidente du tribunal Malika Turki a estimé que l’agression verbale d’Alain Soral contre une journaliste de «24 heures» et de la «Tribune de Genève» visait la personne, mais pas la communauté queer dans son ensemble. Ce qui est absurde, selon la codirectrice de l’Organisation suisse des lesbiennes – une des six cosignataires – Muriel Waeger. Selon elle, la cible des paroles est explicite. Et Alain Soral, domicilié à Lausanne, a été condamné 22 fois en France – une fois en Suisse – pour des dérapages divers.
Solidarité
La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad), de son côté, a exprimé sa solidarité envers la plaignante. L’association a dénoncé un jugement partiel contre un récidiviste, connu pour son discours contre les israélites. La Cicad appelle à un changement de loi pour permettre aux organismes de se constituer partie civile, et ainsi de pouvoir faire recours. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Cette affaire a démarré en 2021. Alain Soral avait violemment réagi contre la publication d’un article de notre consœur. Il avait tenu des propos méprisants à son égard dans une vidéo, publiée sur le site internet de son organisation. La victime qui avait alors posé une plainte pénale ne peut plus faire appel pour une question de procédure. La balle est dans le camp du Ministère public.