Une place Ruth Fayon à Genève

Une place Ruth Fayon à Genève

La CICAD félicite et salue la décision du Conseil d’État validant la nouvelle dénomination de la place Ruth Fayon pour l’actuelle place de la Petite-Fusterie à Genève.

 

Depuis ces dernières années, la CICAD travaille à concrétiser ce projet de rue ou place en hommage à Ruth Fayon. Une femme d’une valeur infinie qui a tant œuvré en faveur de la Mémoire et qui méritait que son nom s’inscrive pour la postérité dans l’espace public. Rescapée d’Auschwitz, Ruth Fayon a témoigné aux côtés de la CICAD de son histoire, marquant ainsi de nombreuses générations.

 

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude et notre reconnaissance à la Ville de Genève ainsi qu’aux nombreux députés qui se sont mobilisés pour concrétiser ce projet.

 

Qui était Ruth Fayon ?

 

Ruth Fayon, rescapée des camps de la mort et figure majeure de la lutte contre l’oubli de la Shoah, est décédée en 2010, soit il y a plus de 10 ans. Elle est née Ruth Pinczovsky en 1928 à Karlsbad, l’actuelle Karlovy Vary en République Tchèque. Après l’annexion des Sudètes par les Nazis, elle fuit avec ses parents et ses sœurs à Prague. En été 1943, toute la famille est déplacée dans le ghetto de Theresienstadt avant d’être déportée en décembre 1943 dans un « wagon à bestiaux » à Auschwitz-Birkenau. Après six mois d’enfer dans ce camp de la mort, Ruth est provisoirement envoyée comme une esclave à Hambourg pour nettoyer les ruines de la ville avant d’être à nouveau internée dans un camp de concentration, celui de Bergen-Belsen, avec d’autres « squelettes vivants ». Lorsqu’elle est libérée par l’armée anglaise en avril 1945, elle ne pèse plus que 30 kilos et est atteinte du typhus.

 

Après la guerre, Ruth retourne, d’abord, à Prague, puis à Karlsbad. Elle ne retrouve ni son père qui est mort dans le camp de Blechammer, ni les biens familiaux « dont il ne restait rien ». Opposée à tous les totalitarismes, elle quitte la Tchécoslovaquie communiste et émigre en 1948 en Israël où elle rencontre son futur mari, Moni Fayon. Ils se marient à Istanbul où ils vivent quelques années avant de partir pour Genève à la fin des années 50. Mère de trois enfants, Ilana, Luc et Sam, dont deux vivent toujours à Genève, Ruth Fayon s’est longtemps tue sur ses souffrances et celles de siens.

 

Il lui a fallu 30 ans pour parler de l’indicible. Toutefois, de 1975 jusqu’à sa mort, Ruth Fayon raconte sans relâche l’horreur des camps, notamment aux jeunes générations dans les écoles suisses et françaises.

 

Elle reçoit en 2006 la médaille « Genève reconnaissante ». La même année, par décret du Président Jacques Chirac, Ruth Fayon se voit attribuée la Légion d’honneur

 

Peu avant sa mort, elle écrit avec Patrick Vallélian « Auschwitz en héritage – De Karlsbad à Auschwitz, itinéraire d’une jeune fille dans l’enfer de la Shoah ».

 

Elle était une des dernières témoins des camps de la mort en Suisse romande.