Après les dérives, l’urgence d’une réforme de confiance

Après les dérives, l’urgence d’une réforme de confiance

La police, dans son immense majorité, accomplit une mission essentielle avec intégrité et courage : protéger la population, assurer la sécurité et défendre les valeurs de notre État de droit. Cet engagement quotidien mérite d’être reconnu et respecté.

 

C’est précisément parce que cette mission est fondamentale que les révélations récentes sur des propos racistes, sexistes, homophobes et antisémites dans certains cercles internes de la police lausannoise sont particulièrement choquantes. Elles heurtent non seulement les victimes directes de ces discours, mais l’ensemble de notre société.

 

Ces faits sont graves. Ils exigent une réaction à la hauteur de l’enjeu : celui de la dignité humaine, de l’égalité de traitement et de la sécurité pour tous. Les autorités lausannoises ont eu la lucidité et le courage de reconnaître l’existence d’un racisme systémique et d’y répondre par des décisions fortes. Cette transparence est un acte de responsabilité que nous saluons.

 

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a rappelé que ces dérives ne sauraient être réduites à des incidents isolés. Elles traduisent un problème structurel, plus large, qui interpelle notre société dans son ensemble. Ses propos invitent à dépasser la seule indignation locale pour penser une réponse nationale et systémique, capable de traiter ces phénomènes en profondeur.

 

La CICAD s’exprime aujourd’hui par cohérence et par devoir. Notre mission est de porter la voix des communautés juives de Suisse romande et de lutter contre l’antisémitisme et toutes les formes de discrimination. Garder le silence aurait été en contradiction avec notre raison d’être. Le choix de prendre la parole quelques jours après les faits répond à une double exigence : ne pas alimenter l’emballement émotionnel immédiat et inscrire notre propos dans une perspective constructive, tournée vers l’avenir.

 

Notre intention n’est pas d’accabler la police dans son ensemble. La grande majorité de ses agentes et agents agit avec intégrité et professionnalisme. Mais il est impératif de renforcer les mécanismes de prévention, de sensibilisation et de formation afin que de telles dérives cessent définitivement.

 

La confiance entre police et population est fragile. Elle ne se regagne que par la transparence, le dialogue et un travail de fond. C’est pourquoi la CICAD appelle à : renforcer la formation continue sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les discriminations ; ouvrir un espace de dialogue structuré entre la police, les autorités et la société civile ; valoriser les bonnes pratiques existantes, notamment les initiatives locales de proximité et de prévention.

 

En prenant position aujourd’hui, la CICAD rappelle la gravité des faits révélés, mais affirme aussi sa volonté d’accompagner une dynamique positive : celle d’une police pleinement à la hauteur des valeurs démocratiques de notre pays.