Gaza n’est pas Auschwitz : assez de ces comparaisons !
Gaza n’est pas Auschwitz : assez de ces comparaisons !
La banalisation de la Shoah et le retour décomplexé des stéréotypes antisémites n’ont jamais été aussi flagrants. En Suisse, en France et ailleurs, les discours inacceptables et les provocations choquantes se multiplient. D’UniMail à Thierry Ardisson, en passant par Kanye West et sans omettre les établissements scolaires et quelques médias, ces dérives constituent des attaques directes contre la Mémoire, la vérité historique et la dignité humaine. La CICAD refuse catégoriquement de se taire face à cette dérive inquiétante.
La Suisse n’est pas épargnée. Cette trivialisation de l’horreur s’inscrit dans un climat plus large de confusion délibérée entre devoir de mémoire et militantisme politique. La CICAD avait déjà dénoncé l’exposition organisée par l’AMEUG à l’Université de Genève, qui osait, une fois de plus, comparer Gaza à Auschwitz — une instrumentalisation idéologique aussi absurde qu’infamante. La rectrice s’est réfugiée derrière la liberté d’expression pour justifier cette initiative, reléguée au troisième étage, comme pour mieux s’en laver les mains. Une tentative maladroite d’effacement plutôt qu’un positionnement clair face à l’intolérable.
Dans son dernier rapport, la CICAD signalait avec gravité les propos intolérables d’une enseignante d’histoire d’un cycle d’orientation à Fribourg, affirmant devant ses élèves : « Les Juifs se comportent exactement comme les nazis. Les enfants juifs empêchent les camions d’entrer à Gaza. » Tenus dans un cadre éducatif censé transmettre des faits et des valeurs, ces propos choquent profondément. Ils trahissent la mission pédagogique et participent à la diffusion d’un antisémitisme insidieux, d’un révisionnisme masqué, et à une désacralisation rampante de la Shoah.
Du côté des médias, le magazine « Vigousse » n’avait rien trouvé de mieux que de détourner à sa Une du 17 janvier, le tristement célèbre panneau « Arbeit Macht frei », devenu « Tech Macht frei » pour dénoncer un supposé « fascisme numérique », alors que « Le Courrier » intitulé sa couverture par « Auschwitz-Gaza : plus jamais ça ». Des choix éditoriaux d’une analogie écœurante qui illustre parfaitement et de manière crasse la réalité du processus de banalisation de la Shoah et de ses souffrances.
En France, sur le plateau de l’émission Quelle époque (France 2), l’animateur Thierry Ardisson s’est livré à une comparaison ignoble entre Gaza et Auschwitz. Même assortis d’excuses, ses propos relèvent d’une relativisation morale et historique inacceptable. Ce type de déclaration, largement relayée, brouille les repères fondamentaux, participe à une falsification historique dangereuse et contribue à l’effacement progressif de la mémoire collective.
À l’échelle internationale, le rappeur Kanye West a une nouvelle fois franchi la ligne rouge avec un titre intitulé « Heil Hitler ». Une provocation raciste, négationniste, diffusée à grande échelle dans un silence médiatique assourdissant. La liberté artistique ne saurait justifier de telles dérives ni servir de prétexte à la haine.
Nous en appelons à la responsabilité des médias, des institutions, des éducateurs et de la société civile. Plus que jamais, le combat contre l’antisémitisme doit être clair, constant et sans compromission.
« Aujourd’hui comme hier, cette routine de l’amalgame fait des ravages. C’est ce qui me fait dire que le premier danger n’est pas l’oubli, ni la négation, mais bel et bien la banalisation de la Shoah.» Ainsi s’exprimait Simone Veil le 18 octobre 2002 lors d’un colloque ministériel. Les paroles de cette grande dame résonnent avec d’autant plus de force aujourd’hui.