Situations préoccupantes de cas d’antisémitisme : la CICAD tire la sonnette d’alarme
Situations préoccupantes de cas d’antisémitisme : la CICAD tire la sonnette d’alarme
La CICAD (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation) exprime sa profonde inquiétude face à la multiplication d’actes et de propos antisémites graves survenus en Suisse romande au cours de l’année 2025. Ces événements, de nature diverse mais convergente dans leur gravité, témoignent d’une libération inquiétante de la parole antisémite dans l’espace public, culturel, éducatif et numérique.
Agression antisémite à la gare Cornavin
Une femme enceinte de sept mois a été menacée de mort à Genève, le 21 juin, par un inconnu qui l’a suivie en tenant des propos délirants mêlés d’accusations antisémites : « Tu es juive, je le sais. » Alors qu’elle portait une étoile de David cachée sous ses vêtements, l’agresseur l’a soupçonnée de mentir sur ses origines. À plusieurs reprises, il a affirmé être armé d’un couteau, accentuant la peur et le danger immédiat de la situation. L’absence de réaction du public a contribué à accentuer un profond traumatisme.
Antisémitisme scolaire : Des cas alarmants
Des situations se multiplient dans les écoles de toute la Suisse romande dans les villes de Bienne, Genève, Lausanne et Fribourg (saluts nazis, cris « Heil Hitler ») dont d’autres déclarés à la CICAD.
Violences verbales et antisémitisme entachent le Tennis Club de Bulle
Le 21 juin, lors d’une rencontre Interclubs, un joueur du TC Bulle a proféré des propos racistes et antisémites d’une extrême gravité. Celui-ci a notamment déclaré : « Les Suisses-Allemands, c’est une sale race, comme les Juifs ». Son coach et lui ont ensuite menacé physiquement un spectateur. L’absence de sanction de la part des arbitres, bien que ceux-ci reconnaissent la dangerosité de ces individus, interroge gravement sur la tolérance implicite de comportements haineux dans le sport amateur.
Festival du Film Juif interdit au Cinéma Bio
Le Geneva International Jewish Film Festival (GIJFF) s’est vu refuser une collaboration par le cinéma Bio à Carouge (Genève), au motif que la simple projection de films liés à la culture juive serait perçue, dans le contexte actuel, comme un « acte politique ». Le directeur du cinéma a affirmé que « le comportement des dirigeants d’Israël jette un voile noir sur toutes les vertus de la culture juive ». Assimiler une manifestation culturelle juive à un soutien politique constitue une forme de stigmatisation inacceptable, contrevenant aux principes mêmes du pluralisme culturel.
Le site « Renversé » : incitation à la haine antisémite
La plateforme Renversé, liée à l’extrême gauche genevoise, est devenue un vecteur de propagande et de glorification du terrorisme. Elle a publié en juin un texte qualifiant de « héros » le tireur d’un attentat ayant tué deux employés de l’ambassade israélienne. D’autres publications diffusent des discours appelant à la violence.
Une urgence éducative, politique et juridique
Ces incidents montrent que l’antisémitisme ne se limite plus à la sphère marginale ou virtuelle. Il s’exprime dans la rue, dans les écoles, dans les institutions culturelles, et même sur les terrains de sport — sans réponse suffisamment ferme des autorités. La CICAD alerte sur le fait que la normalisation de tels propos, même minoritaires, fragilise profondément le tissu social. Des plaintes et dénonciations ont déjà été engagées sur certaines affaires.
Nous demandons :
- Une prise de position claire des autorités cantonales et fédérales.
- Des enquêtes sérieuses sur les cas documentés, notamment dans les établissements scolaires et culturels.
- Une application rigoureuse des lois contre les discours de haine.
- Une meilleure formation des forces de l’ordre et du personnel éducatif face à l’antisémitisme contemporain.
La Suisse ne peut tolérer que des citoyens soient ciblés, stigmatisés ou intimidés en raison de leur identité juive. L’antisémitisme qu’on prétend encore « isolé » s’est transformé en bruit de fond, il s’exprime aujourd’hui à voix haute, sans honte ni détour. Il est temps que les discours antisémites rencontrent une réponse ferme, visible et sans ambiguïté.