Témoignages de Rescapés

Porteurs de Mémoire

Afin de préparer la journée d’étude au camp d’Auschwitz-Birkenau, la CICAD organise des séances destinées aux élèves et enseignants de Suisse romande.

Au fil des années, André Panczer, Ginette Kolinka, Daniel Wancier, David Perlmutter, Claude Bloch, Paulette Angel-Rosenberg ou encore Noëlla Rouget, nous ont fait l’honneur de délivrer leur témoignage face à près de 2 500 élèves et enseignants.

André Panczer

« Quand je suis arrivé en classe, je n’étais pas le seul à porter l’étoile jaune, et l’institutrice a dit aux autres élèves : vous voyez ces enfants ? Ce sont les mêmes qu’hier, quand ils n’en portaient pas, et ce n’est pas parce qu’ils ont une étoile qu’ils sont différents de vous »
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André Panczer est né le 17 septembre 1935 à Paris, dans une famille juive d’origine hongroise. Ses parents, Désiré et Thérèse, avaient quitté la Hongrie dans les années 1930 pour s’installer en France, un pays qu’ils espéraient accueillant. Ils menaient une vie modeste et chaleureuse, jusqu’à ce que la guerre bouleverse leur quotidien.

En 1939, en raison de son statut d’étranger, Désiré est licencié de son emploi en usine. Il commence alors à aider sa femme, couturière. Profondément attaché à sa nouvelle patrie, il s’engage dans une unité combattante française. Cependant, il ne sera jamais mobilisé.

Lorsque les troupes allemandes approchent de Paris en 1940, la famille Panczer fuit la capitale, emportée dans l’Exode. De retour à Paris après la débâcle, ils doivent subir les lois antisémites imposées par le régime de Vichy et les autorités allemandes. La famille doit se séparer de son poste de radio et porter l’étoile jaune à partir de mai 1942. Un soir de cette même année, un policier en civil les prévient que Désiré risque l’arrestation. Il s’échappe alors à temps et rejoint la zone libre, à Prayssac dans le Lot. Thérèse et André le rejoignent clandestinement peu de temps après, en traversant la ligne de démarcation, échappant ainsi à la rafle du Vél d’Hiv’ de juillet 1942.

Installé à Prayssac, Désiré trouve du travail dans une scierie tandis qu’André reprend l’école. Pour les protéger, le secrétaire de mairie leur délivre de faux papiers sous le nom de Tanays. Mais Désiré est interné avec d’autres étrangers et doit travailler pour les autorités allemandes. En août 1942, il est arrêté pour être déporté en Allemagne, mais parvient à s’échapper et se rend à Nice, sous protection italienne.

Thérèse et André quittent Prayssac en avril 1943 pour le rejoindre à Nice. Le couple est brièvement protégé en Haute-Savoie à Megève, mais le retrait des troupes italiennes les expose de nouveau aux risques d’arrestation par les nazis. Pour protéger leur fils, les Panczer confient André au Mouvement de la Jeunesse sioniste, qui l’aide à traverser clandestinement la frontière suisse le 21 septembre 1943, avec un groupe de vingt autres enfants. En Suisse, André est accueilli par un couple zurichois, les Bosshard-Schmid, qui l’élèvent comme leur propre enfant.

Après la guerre, en 1945, André retourne à Paris où il retrouve ses parents, qui ont survécu en se cachant. Cependant, son père, affaibli par son internement, meurt peu après de maladie. Certains proches de la famille, eux, n’ont jamais survécu aux camps.

André Panczer a passé sa vie à témoigner de ces années sombres. Il a écrit un livre, Je suis né dans l’Faubourg Saint-Denis (Paris, L’Officine, 2008), et a régulièrement partagé son histoire auprès des jeunes générations, portant la mémoire de ceux qui, comme lui, ont traversé l’horreur.

Ginette Kolinka

"N'oubliez pas que c'est la haine qui conduit au pire"
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Elle est la sixième d’une famille de sept enfants. Son père, Léon, avait un atelier de confection.

En 1941, les arrestations concernent d’abord les hommes : dans sa famille ce furent le beau-frère et le frère de son père.

En juillet 1942, on les prévient qu’ils vont être tous arrêtés comme communistes. Ils fuient en zone libre. Ginette et deux de ses sœurs font une première tentative d’évasion par Angoulême, elles sont arrêtées et emprisonnées pendant huit jours en attendant la vérification de leurs identités. Libérées, elles retournent à Paris.

En mars 1944, la Gestapo et la Milice viennent arrêter les hommes de la famille, son père, son frère de 12 ans et son neveu de 14 ans sur dénonciation.

Devant les remarques de Ginette, ils l’embarquent aussi. Ils passent par la prison d’Avignon, puis celle des Baumettes à Marseille. Ils seront internés au camp de Drancy.

En avril 1944, ils sont déportés par le convoi 71 en wagons à bestiaux depuis la gare de Bobigny jusqu’à Auschwitz-Birkenau dans le même convoi que Simone Veil et Marceline Marceline Loridan-Ivens. Son père et son frère rejoignent les camions et sont gazés à leur arrivée. Ginette entre dans le camp des femmes. Elle est tatouée, matricule 78 599.

Fin octobre 1944, elle est transférée jusqu’à Bergen-Belsen qui est en pleine anarchie et où la loi du plus fort règne. Elle est sous une tente.

En février 1945, elle se porte volontaire et est envoyée à Raguhn, près de Leipzig. Les conditions matérielles sont un peu moins désastreuses qu’à Bergen-Belsen et elle travaille en usine.

En avril 1945, devant l’approche des armées alliées, elle est transférée pendant 8 jours, par un « train de la mort » jusqu’au camp de Theresienstadt.

Daniel Wancier

"C'est la revanche de ma "petite histoire" sur la "grande Histoire"
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Arrivé de Nice, Daniel Wancier âgé de 80 ans, est venu les 29 et 30 octobre 2019, témoigner pour la première fois aux côtés de la CICAD de son enfance cachée pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Son récit émouvant et rempli d’une grande bienveillance a particulièrement touché les élèves des établissements Florimont, Ecolint et Collège du Léman.

Pour introduire son histoire, Daniel Wancier met en garde les élèves sur la responsabilité du vote. « Le parti nazi a accédé au pouvoir en toute légalité, par un vote démocratique et il faut être vigilant à ce que cela ne se reproduise plus. »

Né en 1939 à Paris de parents juifs polonais, ceux-ci fuient leur pays d’origine en 1930 pour s’installer en France, « Terre des Droits de l’Homme, de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité » où il ne peut rien leur arriver, pensent-ils.

Mais la même année, de nouvelles lois obligent les juifs à se faire recenser, à porter l’étoile jaune et leur interdit de prendre les transports en commun ou encore de travailler.

Le 16 juillet 1942, le père de Daniel Wancier est arrêté, sans aucune raison, pour être déporté au camp d’Auschwitz.

Daniel Wancier sera interpellé par la police avec sa mère et sa sœur le 17 juillet pour être conduit au Vel d’hiv ou s’organise la rafle. Face aux policiers français, sa mère prétexte devoir retourner à son domicile pour y récupérer des documents. Elle y est autorisée et emmène ses enfants. Tous trois se cachent alors dans le sous-sol de leur immeuble puis dans le métro pendant plusieurs jours.

En essayant de passer en zone libre, ils sont arrêtés par la milice à Chalon-sur-Saône et amenés au camp d’internement de Rivesaltes.

Séparé de sa mère et de sa sœur, Daniel Wancier est pris en charge par l’OSE (l’œuvre de secours aux enfants) et caché pendant deux ans et demi dans différentes fermes. Il retrouve sa sœur en septembre 1944 à Paris dans un foyer pour enfants.

Quelques semaines plus tard, il retrouve sa mère, libérée du camp de Rivesaltes, puis son père le 9 mai 1945, qui a survécu à Auschwitz.

Parmi les événements les plus marquants de la vie de Daniel Wancier, sa séparation avec sa sœur aînée, véritable force protectrice. L’injustice qu’il ressent alors qu’il est caché dans une famille de fermiers où il reçoit moins de nourriture  que les autres enfants.

Enfin, le choc lorsqu’il retrouve son père, fantomatique après trois années passées dans le camp d’Auschwitz.

Et Daniel Wancier de conclure plein d’espoir : « ma plus belle revanche sont mes enfants et mes petits-enfants que je peux voir grandir ».

Très émus, les élèves mettent à présent un visage sur des faits historiques et s’empressent de lui poser des questions auxquelles il répond avec beaucoup de bienveillance.

David Perlmutter

Le benjamin des enfants de Buchenwald
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David Perlmutter est né en Pologne en avril 1937. Deux ans plus tard, la Pologne a été envahie par les nazis et, en octobre 1939, l’enfant se retrouve à vivre avec sa famille dans le ghetto de l’arche. Pour l’empêcher d’être expulsé, son père lui a préparé une cachette où il pourrait rester caché pendant les raids.

La situation est devenue de plus en plus difficile. Ceux qui ne travaillent pas sont condamnés à l’expulsion. À partir d’octobre 1942, le petit David a également été employé dans une verrerie avec la tâche d’apporter de l’eau à boire aux travailleurs des fourneaux. Il a souvent dû travailler toute la nuit. S’il s’est endormi au travail, il a été puni et réveillé avec de l’eau glacée.[2]

En novembre 1944, avec l’avancée des troupes soviétiques, les Juifs sont « évacués » de Pologne dans des camps de concentration en Allemagne. En janvier 1945, David arrive avec son père dans le camp de concentration de Buchenwald. Il s’est vu attribuer un numéro, 116 930. À Buchenwald, il n’était pas utilisé pour tatouer le nombre sur l’avant-bras comme à Auschwitz et le petit David n’a même pas reçu l’uniforme des prisonniers parce qu’il n’y avait pas de taille disponible. À Buchenwald, la résistance politique du camp a organisé un réseau d’accueil et de protection pour les mineurs qui y arrivent en grand nombre en provenance des camps de Pologne; ils ont été accueillis dans deux cabanes spéciales et exemptés du travail forcé. Little David trouva alors ceux qui prenaient soin de lui, tandis que son père était chargé de travailler dans une autre cabe.

Même dans les jours qui ont précédé le camp, la résistance a effectivement empêché que des mineurs ne soient placés dans des marches de mort ou tués et à avoir la nourriture nécessaire pour survivre. Le père, que l’enfant avait pu continuer à voir pendant toute la période de son séjour au camp, a été évacué avec 40 000 autres prisonniers dans les jours précédant immédiatement la libération et n’a pas survécu à la marche.

David a été exposé comme tous prisonniers aux conditions difficiles du camp, de la faim, du froid et de la maladie, mais lorsque les troupes américaines ont libéré le camp le 12 avril 1945, il sera l’un des 904 enfants encore [3]retrouvés vivants.bambini di Buchenwald L’organisation souterraine de Buchenwald a fait tout son possible pour leur assurer la protection et l’avenir.

À 8 ans, David était parmi les plus jeunes prisonniers. De lui, il y a de nombreuses photographies qui le représentent dans le camp dans les jours et les semaines qui ont suivi la libération. [4]Dans l’un d’entre eux, l’enfant est avec Stefan Jerzy Aweig (4 ans) avec qui il avait partagé l’emprisonnement. Les deux sont assis devant le fil de fer barbelé maintenant déchiré de la clôture.

D’autres photos le dépeignent avec Israel Meir Lau et Izio Rosenman avec qui David formera un trio inséparable parmi les 426 enfants envoyés après la guerre à l’école française de ‘couis.[5]

Depuis les années 1990, il s’est de plus en plus mis à disposition pour parler de son expérience et devient ainsi l’un des témoins les plus actifs de l’Holocauste en France. En 1995, il a été parmi les témoins interrogés dans le livre de Miriam Rouveyre, Enfants de Buchenwald. Le 12 avril 2005, il a été invité à prendre la parole par le Président de l’Assemblée nationale française pour les célébrations du 60e anniversaire de la libération d’Auschwitz.[6]

Par décret du 31 décembre 2010, il a reçu la Légion d’honneur avec Charles Finkel, Jacques Finkel, Georges Kestenberg, Ijo Schaechter et Alexandre Strol, cinq autres enfants de Buchenwald résidant en France.[7]

Le 11 avril 2015, il était présent à Buchenwald pour les célébrations du 70e anniversaire de la libération du camp.[8]

En 2019, à l’âge de 82 ans, David Perlmutter publie ses mémoires dans le livre Un’enfance à nul autre.

Claude Bloch

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Claude BLOCH est né le 1 novembre 1928 à Lyon.

Au début de la guerre, la mère de Claude, qui est veuve, travaille à la Préfecture du Rhône, mais suite aux lois antijuives de Vichy, elle doit trouver un autre emploi.

La famille n’a pas obéi aux lois décrétées par le régime de Vichy et ne s’est pas déclarée aux autorités comme étant Juive, donc pas d’étoile, pas de tampon JUIF sur la carte d’identité.
Sa mère a obtenu une carte d’identité à son nom de jeune fille, Meyer, qui sonne moins comme un nom juif, beaucoup de protestants portant le nom de Meyer.
La carte d’identité de Claude qui est à son nom, est falsifiée par son grand-père, début 1944, qui en change le nom pour Blachet, il change le o en a et ajoute « et » à la fin du nom[1].

Claude fait ses études à la Martinière[2].

En février 1944, sa mère décide de faire déménager la famille à Crépieux, dans une famille qui leur loue un trois pièces dans leur villa à proximité de Lyon, pour qu’elle puisse continuer à travailler à Lyon et que Claude puisse continuer à suivre ses études à La Martinière.

Cette décision s’est avérée particulièrement opportune, dans la mesure où il y eut en avril l’épisode de la maison d’enfants d’Yzieu, mais aussi la confiscation par la milice de l’appartement des grands-parents Bloch, pour en faire des bureaux.

Début juin, les nouvelles, diffusées par la radio suisse, du débarquement en Normandie des forces américaines, anglaises et françaises redonne espoir à la famille d’échapper à l’arrestation.

Seulement, le 28 juin 1944, Philippe Henriot qui prononce régulièrement des allocutions haineuses à la radio contre « les Juifs, les Francs-Maçons, les Communistes » , est tué par des résistants.
Les miliciens décident, à titre de représailles, de faire fusiller 8 Juifs.
Paul Touvier fait arrêter des Juifs et en aligne huit dans un couloir, mais un milicien le prévient que parmi les « Juifs » il y aurait un résistant, il le fait retourner en cellule, parce qu’il voulait que les représailles soient dirigées seulement contre des Juifs. Les sept otages qui restent sont fusillés le lendemain, 29 juin, à Rilleux-la-Pape (commune voisine de Crépieux).

De bonne heure le matin, la grand-mère de Claude part pour aller à Lyon chez le dentiste et elle en profitera pour faire des courses. La mère de Claude est en arrêt maladie et le grand-père est comme tous les jours à la maison. Claude est en vacances et il astique son vélo, parce que le propriétaire lui avait dit qu’il avait de la famille dans la Drôme et qu’il était prêt à y conduire Claude pour qu’il y soit plus en sécurité.

A 11h45 min, la milice, créée en 1943 par le régime de Vichy, débarque chez eux. Claude saura après la guerre que c’est Paul Touvier lui-même qui les arrête. Touvier leur dt de préparer leurs valise et ils se changent. La mère de Claude lui dit de mettre en pantalon long, alors qu’il s’apprêtait à mettre des culottes courtes à cause de la chaleur.
Ils sont emmenés, avec sa mère et son grand-­père.

Ils sont tous les trois conduits dans les caves de la Gestapo, au 32 place Bellecourt, à Lyon. Son grand-­père et sa mère sont amenés aux étages. Quand il voit sa mère revenir, elle lui glisse à l’oreille (il leur était interdit de se parler) : « ils ont tué ton grand-­père » et il voit peu de temps après, par l’entrebâillement de la porte, un homme transportant sur son dos le corps de son grand-­père.

Claude et sa mère sont ensuite emmenés au fort Montluc et ils y passent la nuit.

Le 30 au matin il est mis dans une baraque qui sera appelée la baraque aux Juifs (elle pouvait contenir environ 200 personnes, les Allemands y mettaient des hommes juifs, mais aussi des résistants qui s’étaient avérés être juifs[3]). Il y reste jusqu’au 20 juillet, ce jour-­là, il est appelé «avec bagage» (les soldats appelaient les prisonniers avec ou sans bagage : sans, cela voulait dire qu’ils allaient être fusillés dans les environs, et avec, cela voulait dire qu’ils allaient partir pour une destination inconnue) et il retrouve sa mère, qui est extraite de sa cellule.

On les fait monter dans un bus qui les conduit à la gare de Perrache d’où ils prennent un train de voyageurs, dans lequel les femmes sont séparées des hommes, dans des wagons différents.
Des cheminots arriveront à informer les détenus à travers les vitres condamnées qu’un attentat contre Hitler a eu lieu, mais qu’ils ne savent pas ce qu’il en est sorti.

Le 21 juillet ils font escale à Dijon puis repartent.
Le 22 juillet, ils arrivent finalement dans une petite gare de la région parisienne. Un bus les amène alors à Drancy.

Pendant qu’il est à Drancy, il est avec sa mère et il voit arriver des bus qui amènent des enfants en bas âge.

Le 31 juillet il est embarqué, lui, sa mère et environ 1 millier d’adultes et 300 enfants en bas âge dans des autobus parisiens, direction la gare de Bobigny. Là, ils sont entassés, à 80 par wagon, dans ces wagons à bestiaux, marqués à l’extérieur de l’inscription « hommes 40, chevaux 8 » sans nourriture, seulement avec leurs valises. Claude est dans un wagon sans enfant (de moins de quinze ans).

Le 3 août, le train stoppe et ils entendent des hurlements et des aboiements de chien, les portes finissent par s’ouvrir et ils voient des hommes bizarrement habillés de tenues rayées bleu et gris qui leur disent de laisser leurs valises dans les wagons et de descendre, les hommes d’un côté (à gauche), les femmes et les enfants, eux, de l’autre (à droite). Pour les détenus, dans le bruit et la fureur, gauche et droite (la leur ou celle des hommes en costume rayé… ce n’était pas clair et cela provoquait des hurlements).

Claude BLOCH se place sur la droite avec sa mère, ne savant pas ce qui peut lui arriver, mais celle­-ci le pousse du côté des hommes. Il la perd de vue et ne la revit plus jamais, et il nous dit «Ce jour-­là, elle m’a sauvé la vie[4]».

Claude venait d’arriver à Birkenau, aussi appelé Auschwitz 2.

Les hommes passent en file indienne devant un officier SS qui choisit si chacun est, apte ou inapte au travail, ceux qui ne sont pas aptes au travail. Claude émet des doutes sur l’objectif de ce tri, dans la mesure où lui, qui n’a que quinze ans, n’est pas grand, et pèse 45 kg, est jugé apte au travail, alors que des hommes dans la force de l’âge sont jugés inaptes au travail. Ensuite un SS propose à tout détenu qui se sent fatigué de monter dans un camion, mais personne ne se déclare fatigué.

Les hommes jugés inaptes au travail vont rejoindre les femmes et les enfants sur la droite. Toute femme accompagnée d’un enfant est jugée immédiatement inapte au travail[5]. Claude cite le cas d’une femme qui tenait par la main des enfants qu’elle avait seulement connu à Drancy et qui fut déclarée inapte au travail.

Les hommes aptes au travail, dont Claude, font ensuite 3 km à pied et arrivent à Auschwitz 1[6], dans un bâtiment où on leur ordonne de se déshabiller, ils sont rasés intégralement et on leur tatoue un numéro à chacun (Claude BLOCH aura le numéro : B 3692), ce numéro, c’est ce qu’ils deviennent, les prisonniers sont privés de toute identité, de toute humanité.

On leur montre ensuite leur dortoir, avec des châlits sur trois niveaux, avec une seule paillasse pour deux. Le matin, ils sont réveillés par des hurlements de kapos[7] à 4 heures du matin. Ils se rangent ensuite dans la cour où ils doivent se mettre au garde ­à­ vous[8] et sont comptés par des SS.

Ensuite ils partent travailler, au pas, escortés de kapos et de SS, au son d’un orchestre, jouant des airs entraînants. Claude BLOCH faisait du terrassement, il piochait, transportait des matériaux, à un ou deux km du camp, à Monowitz, à l’extérieur, par des températures pouvant aller de ­-20°C à ­-30°C et avec pour seul habit : une petite veste, un pantalon et de vieilles chaussures. Au retour, il y avait de nouveau un appel et il fallait étaler les morts de la journée pour le décompte à cet appel, qui durait beaucoup plus longtemps (un quart d’heure ou plusieurs heures) que celui du matin, en effet, rien ne pressait le SS pour le comptage, contrairement au matin, où il fallait faire vite pour le départ au travail. Si le SS arrivait à un nombre différent de celui qu’il avait noté le matin, il repartait à la recherche du ou des manquants[9].

Le soir ils reçoivent un cube de pain noir (180g ­-200g) avec un peu de margarine.

Les dimanches ils ne travaillent pas, mais ont interdiction de rentrer dans les bâtiments, par tous les temps.

Le temps passait, des convois arrivaient et ils avaient besoin de faire de la place, ils faisaient des sélections, désignaient untel et untel…. Qui partaient pour Birkenau.[10]
Un jour, lendemain d’un dimanche sans travail, il n’y a pas de départ pour le travail, après la guerre, Claude vérifiera que ce lundi était le lundi de Noël, le jour des enfants, eux qui étaient systématiquement gazés à l’arrivée.[11]

En hiver 1944, il est conduit avec d’autres à Birkenau, et ils sont chargés sur des wagons à ridelles, des plates-forme ouvertes à tous vents, servant habituellement au transport du charbon. Ils rouleront, par des températures de -20°C et moins, pendant un temps que Claude pense être de 24 heures, depuis le sud-ouest de la Pologne vers le nord-est de l’Allemagne, jusqu’au camp du Stutthof, à 30 km de Dantzig (Gdansk aujourd’hui) (à ne pas confondre avec le Struthof en Alsace).

Les SS commencent à évacuer le camp car l’armée soviétique avance et la discipline se relâche, dans ce camp de Stutthof au bord de la mer Baltique en janvier 1945, parce que les SS du camp sont envoyés au front et ce sont des soldats du front, fatigués de plusieurs années de guerre, qui les remplacent. Claude travaille alors dans une usine, ce qui veut dire avec un toit au-dessus de la tête, avec des civils polonais. Pendant le temps qu’il est au camp de Stutthof il va, ce qu’il n’aurait jamais fait à Auschwitz, à l’infirmerie où il rencontre un médecin lyonnais, qui le conseille bien, pour faire face à un « pied gelé ».

Mais les SS reviennent et Claude repart au travail, fin avril, début mai, les SS évacuent le camp et c’est à ce moment ­là que commence pour beaucoup : « la marche de la mort ».

Claude, lui, est emmené dans un petit port[12] où il embarque dans la cale d’une péniche. Les péniches partent en direction d’un autre port[13]. Il est alors transféré dans un cargo qui est surveillé par 2 SS. Au matin il entend des bruits, les SS ont disparu, ce sont des civils qui marchent sur le pont.

Le 10 mai 1945 (2 jours après la capitulation de l’Allemagne nazie), il finit par accoster et la «croix rouge» s’occupe des rescapés, dans un port d’Allemagne du nord (nom peu compréhensible).

Il est emmené dans le sud de la Suède à Malmö, à ce moment ­là, il ne pèse plus que 30 kilos. Il reste 2 mois en Suède où il est déshabillé, désinfecté, étuvé, soigné.

Les rescapés subissent alors une « sélection », les plus faibles partant en ambulance et les valides partant en train.

Claude est dans la deuxième catégorie, mais au moment de monter dans le train, il n’arrive pas à soulever le pied pour aller dans le wagon et un infirmier va le soulever sous les aisselles pour l’y aider (il ne pèse plus que 30 kg).

Il envoie un télégramme à des amis de sa grand-mère, rue Pierre Corneille à Lyon, pour qu’ils lui disent (comme il ne sait pas ce qu’elle est devenue après son arrestation) qu’il est toujours en vie.

Il est bien soigné par les Suédois et le médecin, au bout de plusieurs semaines, lui dit qu’il est « sauvé », mais qu’à son arrivée, il ne lui aurait pas donné 24 heures ! Claude explique qu’il en fut surpris, qu’il n’avait jamais imaginé pouvoir mourir. Il attribue cette naïveté de l’époque à sa jeunesse, parce que nombre de déportés se suicidèrent en se jetant sur les barbelés.

Il embarque après deux mois de soins en Suède, à Göteborg et arrive à Cherbourg (au nord de la France) le 20 juillet 1945, à Paris le 21 et à Lyon, chez sa grand-mère qui avait récupéré son appartement le 22.

La première question de sa grand-mère fut : « et ton grand-père, et ta mère ? ». Il répondit à sa grand-mère que son mari a été tué deux heures après l’arrestation, mais il a dit « qu’il ne savait pas » pour sa mère, la fille de sa grand-mère. Il savait au fond de lui-même, mais ne pouvait le dire.

Au mois d’août il va à son ancienne école pour finir ses études mais l’Etat n’a rien prévu pour les rescapés de son âge, finalement il est accepté en 2ème année comme redoublant.

En 1948 il devient comptable, sa grand-mère décède en septembre 1949 suite à une maladie cardiaque.
Il se marie en septembre 1950 et il a 3 enfants. Il prend sa retraite en 1989, il pense alors à témoigner aux jeunes générations.

Un jour il retourne, avec des journalistes, sur les lieux de son arrestation. Il apprend alors par la fille du propriétaire de l’époque qu’il a été dénoncé.

Il est élevé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur en 2015.

Paulette Angel-Rosenberg

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En , en essayant de franchir la ligne de démarcation pour se rendre en zone libre avec sa sœur Sophie, Paulette est livrée par ses passeurs aux Allemands. Les deux adolescentes sont emprisonnées à Allemans près de Limoges puis au Château-prison de La Rochefoucauld du au , ensuite à la prison d’Angoulême du 1er au , et au camp d’internement français de Poitiers, dit Camp de la route de Limoges, du au 1.

Drancy

De là, les deux sœurs sont transportées et internées dans le camp de Drancy, antichambre d’Auschwitz2. Elles seront administrativement libérées (Paulette d’abord le , puis sa sœur Sophie le ), grâce à l’aide de leur ancien chef scout et ami, le rabbin Élie Bloch, ancien rabbin de la jeunesse de Metz, devenu aumônier des évacués et des réfugiés3. Mais elles restent internées, cette fois dans une maison de l’UGIF (à l’Asile Lamarck, pour enfants français de moins de 17 ans4. Elles y resteront jusqu’au puis attendront jusqu’au leur libération complète à l’Asile Vauquelin, autre foyer de l’UGIF.

Angoulême

Accompagnées par le rabbin Élie Bloch, elles rejoignent leur famille à Angoulême. Les Rosenberg fuient et s’installent en zone libre, à Sassenage près de Grenoble (Isère, où toute la famille, à sa manière, fait partie de la résistance jusqu’à la fin de la guerre5.

Père fusillé

Le , son père, Moïse (Moshé Wolf) Rosenberg, est dénoncé, arrêté, torturé et fusillé par les nazis à Fontaine (Isère). Né le à Będzin en Pologne, il a 44 ans. Il ne parle pas sous la torture et sauve sa famille ainsi que de nombreux résistants. Il est « mort pour la France », trois semaines seulement avant la libération de Sassenage. Ses enfants seront pupilles de la nation1,6.

Après la guerre

En 1945, la famille s’installe à Grenoble. À l’occasion de la fête de Pourim, l’Union de la jeunesse juive de France (UJJF) monte Esther de Racine, au théâtre de Grenoble. Paulette interprète le rôle d’Esther, sa sœur Sophie jouant Elise. Leur ami Alex Herzkowici est Assuérus. Face à eux, Charles Denner (résistant FTP comme Sophie et futur acteur de théâtre et de cinéma) interprète Mardochée.

Après la guerre, Paulette Rosenberg rentre à Metz avec sa mère, ses sœurs et son frère. En 1953, elle épouse Heini Angel et s’installe à Lausanne où ils ont deux enfants, Daniel et Nadine. La famille vit à Genève, depuis . Paulette Angel Rosenberg est veuve depuis 20001.

Noëlla Rouget

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Noëlla Rouget est née Peaudeau, à Saumur le , de Clément Peaudeau et Marie, née Bossard. Son père est fonctionnaire aux chemins de fer et elle a un frère de six ans son aîné, Georges Peaudeau. La famille est catholique pratiquante, Georges est prêtre et enseignant. Elle accomplit sa scolarité au pensionnat Saint-Laud d’Angers. Elle fait du scoutisme au sein des Guides de France, et devient cheftaine3. Elle souhaite poursuivre des études en lettres, la guerre l’en empêche4.

Résistante à Angers

Lorsque la France est envahie en 1940, Noëlla Rouget est institutrice au même pensionnat Saint-Laud. Le , elle n’entend pas l’appel du général de Gaulle, mais en a assez vite connaissance lorsqu’elle reçoit, au hasard d’une promenade, un tract qui le reproduit. Elle ne supporte pas l’ordre nouveau qui s’installe à Angers, occupée par les Allemands depuis le 19 juin 1940, et elle demande ce qu’elle peut faire au jeune homme qui lui donne ce tract, face à cette Occupation. « M’aider », lui répond le jeune étudiant. Noëlla Rouget se met donc à distribuer des tracts à son tour, puis à les dactylographier et à les reproduire, à distribuer aussi des journaux clandestins ; toujours à l’insu de ses parents4.

Elle devient ensuite agent de liaison, transportant valises ou autres serviettes dont elle ignore le contenu. Elle apprit plus tard, en prison, que l’une de ces valises, au moins, contenait des armes. Son premier contact, unique au départ, a pour surnom Marcel, en réalité René Brossard, qui mourut sous la torture le . En fait, Noëlla est entrée dans le réseau Honneur et Patrie, d’obédience gaulliste, constitué au début de 1941 autour de Victor Chatenay, réseau très actif à Angers, où il a compté quelque 150 membres, dont 25 % de femmes5. Noëlla Rouget fit aussi partie du réseau anglais Buckmaster Alexandre Privet, « depuis juin 1942 jusqu’à la date de son arrestation », selon un certificat établi le , par le capitaine F.W. Hazeldine6. Noëlla Rouget n’est pas la seule à faire ainsi partie de deux réseaux : Henri Dutertre, Georges Gautier ou encore Boris et Marguerite Tourgueneff sont également membres d’Honneur et Patrie et de Buckmaster Alexandre Privet7.

Dans le cadre de ses activités clandestines, elle rencontre Adrien Tigeot, un jeune instituteur stagiaire, sorti de l’École normale, lui aussi empêché d’entamer des études (en ethnologie, pour ce qui le concerne) et qui avait pris ce poste à l’école de Corzé pour échapper au STO. Né le , il est plutôt d’obédience communiste ; Noëlla et Adrien décident de se fiancer, les bans sont publiés, mais ils sont alors tous deux arrêtés, en , Adrien le 7, Noëlla le 23. Tous deux seront emprisonnés au Pré-Pigeon, la prison d’Angers. Adrien Tigeot, après une parodie de procès, est fusillé le , à Belle-Beille, avec six autres camarades. Les condamnés sont autorisés à écrire une lettre à leurs proches. Après la guerre, Noëlla Rouget trouva cette lettre dans laquelle Adrien lui demandait « de vivre, de l’oublier et d’aimer »8,4.

Déportation

Le , Noëlla Rouget quitte Angers pour Compiègne. Le , elle est déportée à Ravensbrück avec presque mille camarades9, dont Geneviève de Gaulle, arrivant dans la nuit du . Noëlla Rouget devient le numéro 27 24010 et rejoint le block 27, après quelques jours de quarantaine.

Affectée d’abord à d’épuisants travaux en forêt, elle devient Verfügbar, c’est-à-dire employée aux corvées les plus dures. Le travail est imposé 12 heures par jour sauf le dimanche. Par deux fois au moins, grâce à la solidarité de ses camarades, elle échappe à la chambre à gaz de Ravensbrück, vers laquelle elle avait vu partir Émilie Tillion (mère de Germaine)11, le , et d’autres camarades. À Ravensbrück, Noëlla Rouget se lie d’amitié avec plusieurs déportées, parmi lesquelles Geneviève de Gaulle, Germaine Tillion ou encore Denise Vernay, née Jacob (sœur de Simone Veil).

Retour

Le jeudi , Noëlla Rouget fait partie des 300 premières femmes françaises libérées (en réalité 299 Françaises plus la Polonaise Karolina Lanckorońska), en échange de 464 internés civils allemands (94 enfants, 221 adolescents ou adultes hommes, 149 adolescentes ou adultes femmes)12 venus du camp de La Chauvinerie (département de la Vienne). Les camions blancs, marqués de croix rouges, traversent une Allemagne en guerre, le voyage est long et le convoi n’arrive à Kreuzlingen, en Suisse, que le 9 avril au soir. Là, Noëlla Rouget et ses compagnes sont véritablement libres. Le lendemain, 10 avril, elles transitent par la Suisse en train (le même train qui avait amené les internés civils) vers Annemasse (Haute-Savoie), petite ville frontière qu’elles atteignent le 11, à 1 heure quarante-cinq du matin. Après avoir reçu quelques soins et pris deux jours de repos, dans divers hôtels d’Annemasse, les déportées reprennent le train pour Paris et arrivent à la gare de Lyon le 14 avril. Le général de Gaulle est présent sur le quai et plusieurs personnes le virent écraser des larmes. Après un passage au Lutétia, elle regagne Angers le 16 avril, retrouve ses parents et son frère, qu’elle avait craint d’avoir perdus dans les bombardements de son quartier. Elle pèse 32 kilos, souffre d’œdèmes tuberculeux et n’a plus de maison8.

Convalescence en Suisse

Dans le courant de l’été, Geneviève de Gaulle lui propose d’aller en convalescence en Suisse. Le , elle s’installe avec une vingtaine de compagnes à Château-d’Œx, au chalet La Gumfluh, une des neuf maisons d’accueil mises sur pieds en Suisse romande par l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) et son Comité d’aide en Suisse.

Elle passe trois mois dans ce chalet et y rencontre son futur mari, André Rouget, qui vient de Genève, où le couple s’établit après son mariage, en 1947. Deux fils, Patrick et François, sont nés de cette union8. André Rouget, mort en 2005, était un pacifiste, très engagé au sein du Service civil international et défenseur de l’objection de conscience13,14. Noëlla Rouget obtient la nationalité suisse (bourgeoise de Genève) en 195915.

L’après-déportation : entre silence et témoignage

Longtemps, comme nombre de déportés et de déportées, Noëlla Rouget ne parla pas de sa déportation, sinon avec ses camarades de l’ADIR, dont elle présidait la délégation suisse. Comme d’autres, ce qu’elle avait à raconter était inaudible. Pourtant, en 1965, elle est amenée à témoigner devant la Cour de sûreté de l’État, lors du procès de Jacques Vasseur. Elle retrouve en effet, dans le box des accusés, celui auquel elle doit son arrestation et celle de son fiancé, qui fut fusillé. Souvent considéré comme le chef de la Gestapo française d’Angers, responsable de plusieurs assassinats et arrestations, il avait disparu à la fin de la guerre et était condamné à mort par contumace. Découvert et arrêté en 1962 à Lille où il s’était caché pendant dix-sept ans, il est rejugé en 1965, à Paris, devant la Cour de sûreté de l’État. Noëlla Rouget écrit le une lettre au président du Tribunal, dans laquelle elle déclare : « Dans quelques jours, commencera la phase finale du procès : le réquisitoire et la condamnation. Cette condamnation risque d’être, je le crains, la peine capitale. Devant une telle éventualité je me sens tenue, en conscience, de vous exprimer ma pensée. Les horreurs vécues sous le régime concentrationnaire m’ont sensibilisée à jamais à tout ce qui peut porter atteinte à l’intégrité tant physique que morale de l’homme et j’ai rejoint les rangs de ceux (…) qui font campagne pour l’abolition de la peine de mort (…) ». Vasseur est condamné à mort. Noëlla Rouget demande alors la grâce du condamné au général de Gaulle, président de la République, qui la lui accorde4.

Dans les années 1980, devant la montée du négationnisme, y compris en Suisse, Noëlla Rouget sort de son silence. Ainsi, lorsque Mariette Paschoud16, enseignante d’histoire dans un gymnase (lycée) lausannois, en vient à nier publiquement les chambres à gaz17, elle lui adresse une lettre ouverte, dans la Gazette de Lausanne du 18.

Dès lors, Noëlla Rouget se met à témoigner, en particulier dans les écoles19 et les paroisses, en Suisse, en Haute-Savoie et dans l’Ain.

Dès 1997 et jusqu’en 2017, elle prend part à Yom HaShoah , à Genève, participant avec des jeunes à l’allumage des six bougies, représentant les six millions de Juifs morts lors de la Shoah. Elle accompagne aussi à plusieurs reprises des voyages de classes d’élèves genevois à Auschwitz, à l’initiative de la CICAD.

Le 15 juin 2016, Noëlla Rouget dévoile une plaque commémorative, devant le chalet La Gumfluh à Château-d’Œx20, en hommage aux déportées accueillies dans ce chalet et aux personnes qui les y avaient reçues, entre septembre 1945 et avril 1946.

Elle meurt le à Genève21. Ses obsèques se déroulent le 9 décembre 2020, en l’église Sainte-Thérèse de Genève. Une cérémonie, à la fois religieuse et officielle rend hommage à Noëlla Rouget. La partie religieuse est œcuménique, animée par un prêtre et un pasteur, avec aussi une prière chantée en hébreu par un rabbin. La partie officielle, en présence des autorités de la ville et du canton de Genève et des autorités françaises diplomatiques et consulaires est marquée par un discours de Mme Geneviève Darrieussecq, ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants. Les honneurs militaires sont rendus à Noëlla Rouget, avant son transfert au cimetière des Rois, le Panthéon genevois, où elle repose désormais.