Antisémitisme: la justice a été saisie

Antisémitisme: la justice a été saisie

Cinq plaintes ont été déposées depuis le 7 octobre. Ainsi que des dizaines de dénonciations pénales.

Cinq plaintes et des dizaines de dénonciations pénales. Face à la montée de l’antisémitisme depuis le 7 octobre, date de l’attaque terroriste du Hamas à l’encontre d’Israël, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad) a décidé d’agir sur le plan juridique. Cinq plaintes ont été déposées. À l’image de cette Lausannoise qui a eu sa porte enfoncée et taguée d’une étoile de David. À Genève, deux familles se sont fait insulter devant témoin par un automobiliste valaisan.

«Vous étiez à Disneyland!»

Le secrétaire général de la Cicad, Johanne Gurfinkiel, a lui même saisi la justice. «C’était le lendemain de notre voyage annuel à Auschwitz. J’étais seul au bureau et ai dû m’absenter pour aller constater la présence de tags antisémites dans le quartier de la Servette», explique-t-il. En sortant de l’immeuble concerné, il reçoit un appel et décroche. «Mon interlocuteur, que je ne connaissais pas, me lance: «C’est quoi ce bordel? J’appelle la Cicad et personne ne décroche!» Ce à quoi Johanne Gurfinkiel répond: «Nous étions à Auschwitz hier.» L’inconnu lui rétorque: «Vous étiez à Disneyland!» S’ensuivent des injures. «Lorsque je lui ai expliqué que ses propos tombaient sous le coup de la loi, il m’a dit: «La loi, je pisse dessus et le Code pénal, tu peux te l’enfoncer dans l’anus.» D’autres appels émanant du même numéro et du même acabit suivront. D’où la plainte.

Une autre plainte concerne des textes aux relents nazis postés par deux individus, sur Internet. Quant à la dernière, elle a été déposée par une femme qui a été outrée de propos haineux et mensongers proférés dans le tram par un passager. «On connaît l’auteur. Il s’agit d’un homme qui circule en fauteuil roulant avec des pancartes portant des slogans antisémites.» Le jour des faits, l’homme est dans le tram et harangue les autres usagers, enchaînant les phrases du type «Les juifs sont des terroristes» ainsi que les références au mythe du complot juif mondial.

Termes parallèles

Quid des auteurs? «L’éventail est large, indique Johanne Gurfinkiel. Il ne s’agit pas d’un conflit intercommunautaire. Le contexte international est plutôt un prétexte pour déverser leur antisémitisme.» Par ailleurs, il signale que des dizaines de dénonciations pénales vont être transmises au Ministère public. Essentiellement liées à des tags, à des commentaires sur les réseaux sociaux, ou sous des articles de presse. Le secrétaire général de la Cicad poursuit: «Souvent, des termes parallèles sont utilisés afin d’éviter d’employer le mot «juif» et de tomber sous le coup de la loi.»

De son côté, le Département des institutions et du numérique (DIN) se dit très attentif à l’évolution de la situation. «Depuis début septembre, nous comptons une trentaine de dénonciations. On ne peut pas parler d’augmentation significative liée au contexte international, détaille le porte-parole, Laurent Paoliello. Il s’agit plutôt d’inscriptions pro-palestiniennes ou anti-Israël. Peu sont antisémites.»

Pas de quoi rassurer la Cicad qui souhaite une réaction plus forte de la part de la conseillère d’État Carole-Anne Kast avec laquelle une rencontre a eu lieu le 14 novembre. «Nous encourageons vivement à dénoncer tout acte qui serait contraire au droit, antisémite, raciste ou homophobe, rétorque Laurent Paoliello. La tolérance zéro s’applique et la police se tient prête à adapter son dispositif.»