Attentat antisémite à Zurich: la gauche suisse sous pression

Attentat antisémite à Zurich: la gauche suisse sous pression

L’auteur présumé de l’attaque au couteau contre un juif, samedi à Zurich, a revendiqué son acte dans une vidéo d’allégeance à l’Etat islamique. La gauche appelée à sortir de son silence face à l’antisémitisme islamiste et celui pouvant parfois venir de ses rangs.

L’adolescent de 15 ans qui a grièvement blessé un juif orthodoxe à l’arme blanche, samedi soir, à Zurich, avait prêté allégeance à l’Etat islamique dans une vidéo de revendication, a annoncé la police zurichoise lundi après-midi. Le portail en ligne américain siteintelgroup.com a publié la vidéo en question, précise Blick. Dans celle-ci, on peut voir l’auteur présumé de l’attaque au couteau se solidariser avec l’Etat islamique. Il appelle au «combat mondial contre les juifs».

Le suspect est un Suisse de 15 ans d’origine tunisienne. Il a été naturalisé en 2015. Pour le conseiller d’Etat zurichois Mario Fehr, c’est un «attentat lâche» et un «acte terroriste». «Quelqu’un a été poignardé uniquement en raison de son appartenance religieuse», a souligné le chef du Département cantonal de la police. «Le sentiment de sécurité des concitoyens juifs a été ébranlé par cette attaque. Nous ferons tout pour qu’ils se sentent à nouveau en sécurité», a encore indiqué Mario Fehr.

Il n’y a «pas de place pour l’antisémitisme en Suisse», a déclaré de son côté la présidente de la Confédération Viola Amherd.

L’UDC met en cause la gauche

Alors que l’information sur la vidéo de revendication n’était pas encore connue, l’attaque au couteau de samedi a provoqué un incident lundi matin au Grand Conseil zurichois. Les élus de trois partis de gauche, Verts, PS et Liste alternative, ont quitté la salle. La raison? Selon le député écologiste Thomas Forrer, le groupe UDC, dans une déclaration, a pointé du doigt la gauche zurichoise pour sa «responsabilité» dans ce qui n’était pas encore authentifié comme un attentat.

Interrogé par nos confrères de watson Zurich, le député UDC Tobias Weidmann s’est expliqué sur cette «responsabilité» imputée par son parti à la gauche:

«Nous avons formellement condamné cette attaque antisémite (réd: celle de samedi soir). Mais nous voulons aussi montrer où se situe le problème. De nos jours, l’antisémitisme provient surtout de petits groupes rattachés à l’islam, aux migrants et à la gauche anticapitaliste.»
Tobias Weidmann, député UDC zurichois

La presse zurichoise du week-end et de lundi livrait des témoignages relatifs à l’attentat perpétré samedi aux alentours de 21h15 dans le Kreis 2 de la métropole zurichoise. Le motif antisémite de l’acte ne fait pas de doute. Des témoins ont déclaré au magazine juif Tachles avoir entendu l’assaillant crier:

«Je suis suisse. Je suis musulman. Je suis ici pour tuer des juifs»
Propos de l’assaillant, selon des témoins

Selon 20 Minutes, il aurait également crié «Allah akbar» et «Mort à tous les juifs».

Cette agression survient dans un contexte marqué par une explosion des actes et propos antisémites en Suisse depuis l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre, suivie de la riposte militaire d’Israël. Mais c’est la première fois qu’une agression avec probable intention de donner la mort a lieu en Suisse à l’encontre d’une personne de confession juive.

Le député UDC zurichois Tobias Weidmann reproche à la gauche d’«importer une toute nouvelle génération d’antisémites» par le truchement de la politique de l’asile, qu’il juge «chaotique».

«L’antisémitisme d’aujourd’hui ne porte généralement pas de rangers aux pieds, mais un keffieh autour du coup ou un t-shirt Che Guevara»
Tobias Weidmann, député UDC zurichois

Le député Vert Thomas Forrer a fermement réagi aux accusations de l’UDC:

«De la part de l’UDC, il s’agit d’une instrumentalisation démocratiquement condamnable de l’attaque au couteau à des fins d’agenda politique»
Thomas Forrer, député Vert zurichois

Dans un commentaire paru le 17 février, watson s’étonnait du peu de cas fait en Suisse d’un antisémitisme islamiste, d’une part, de gauche, d’autre part, les deux pouvant se recouper, comme si l’antisémitisme était l’apanage des seuls néonazis. Force est de constater que, ces dernières années, l’antisémitisme qui tue en Europe est venu de la partie islamiste.

L’étrange oubli de ce professeur lausannois

Il pouvait paraître étrange à ce propos que le professeur Oscar Mazzoleni de l’Université de Lausanne, interrogé début février par La Liberté, n’ait mentionné que les groupuscules néonazis comme terreau d’un antisémitisme «affiché sans complexes».

Ces dernières semaines, la gauche suisse a manifesté à plusieurs reprises son soutien aux Palestiniens, un soutien allant grandissant à mesure que s’alourdissait le bilan des morts côté gazaoui, 30 000 aujourd’hui, en grande majorité des civils, en particulier des femmes et des enfants, selon le Hamas. Des mots forts, destinés à frapper les consciences, peuvent-ils échauffer certains esprits? Ce lundi, Blick relayait une tribune signée par 94 socialistes dénonçant «la guerre génocidaire menée par Israël». Si Israël commet un génocide, alors tout est permis contre le génocidaire…

A Genève, Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation), se dit «sous le choc» suite à «l’attaque antisémite» de Zurich. Joint par watson, il lance un appel:

«J’appelle les autorités cantonales et fédérales à empoigner sérieusement le dossier de la lutte contre l’antisémitisme, en y allouant des moyens. Cela se fait, et c’est très bien, quand il s’agit du racisme anti-noirs ou d’actes homophobes. Il serait bien de le faire aussi pour l’antisémitisme. Je demande à connaître la stratégie et le plan d’action».
Johanne Gurfinkiel

Ailleurs en Europe aussi

En France et depuis plus longtemps qu’en Suisse, l’antisémitisme violent est un fléau. A Paris, cet homme de 62 ans témoigne de l’agression antisémite qu’il a subie le 1er mars:

A Londres, George Galloway, un ancien membre du Parti travailliste qui vient de se faire élire député à la Chambre des communes à la faveur d’une partielle, est violemment antisioniste. Dans un discours, il déclare Bradford, sa circonscription, «Israel free zone». La désinhibition est totale.