Boycott anti-Israël à Genève: «Je lance un appel au calme»

Boycott anti-Israël à Genève: «Je lance un appel au calme»

Thomas Wenger, le président du Parti socialiste genevois, appelle à la modération après qu’une action de boycott contre Israël a été implicitement comparée à la politique antisémite du régime nazi.

Des «accusations calomnieuses». Dans un communiqué paru vendredi, reproduit sur le site antifa Renversé, le collectif Apartheid Free Zone (AFZ) répond aux attaques de la Cicad, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation. Ces derniers jours, le secrétaire général de la Cicad, Johanne Gurfinkiel, s’est publiquement demandé si l’appel au boycott d’Israël lancé par le collectif précité ne s’apparentait pas au «Judenrein» ou «Judenfrei» des nazis, autrement dit, à l’effacement de toute présence juive.

L’analogie avec l’extermination des juifs a scandalisé le député socialiste au Grand Conseil genevois Sylvain Thévoz, qui a déposé une question urgente au Conseil d’Etat, l’invitant à se prononcer sur le rapprochement implicitement fait entre cet appel au boycott et la politique anti-juive du IIIe Reich.

Rappelons le point litigieux soulevé par le Cicad: dans son appel cosigné par une centaine d’acteurs syndicaux, politiques et culturels principalement genevois et situés politiquement à gauche, AFZ s’engage à:

«Rejeter les projets culturels, académiques ou sportifs visant à détourner l’attention du crime d’apartheid»

Appel d’AFZ

Joint par watson, Johanne Gurfinkiel affirme que:

«Cette formulation est parfaitement discriminatoire en ce qu’elle stigmatise l’ensemble des citoyens et citoyennes israéliens, quels que puissent être leurs opinions, sensibilités ou engagements. Par ailleurs, c’est une censure et un boycott qui touchent non seulement les Israéliens et les Israéliennes, mais également celles et ceux qui coopèrent avec eux. On a affaire à un procédé inique, jamais pratiqué à l’égard d’aucune population dans le monde.»

Johanne Gurfinkiel

Dans la continuité des boycotts contre le régime d’apartheid sud-africain

AFZ rétorque que son action s’inscrit dans la continuité des boycotts mis en œuvre en Occident dans les années 1980 contre le régime d’apartheid sud-africain. Le collectif, qui établit un distinguo entre antisionisme et antisémitisme, estime que les déclarations de la Cicad à son encontre sont diffamatoires.

Contacté par watson, Thomas Wenger, le président du Parti socialiste genevois, «lance un appel au calme».

«Toute structure est libre de vouloir travailler ou non avec des personnes soutenant le gouvernement israélien au pouvoir. Les signataires de l’appel sont totalement dans leur droit s’ils ne veulent pas soutenir la politique du gouvernement israélien, dont l’action militaire actuellement menée à Gaza en réponse à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre est totalement disproportionnée en massacrant des milliers de civils dont un nombre insupportable d’enfants.»

«La formulation devrait être revue»

Cela dit, Thomas Wenger reconnaît que la formulation qui fait polémique dans l’appel d’AFZ «devrait être revue»:

«La formulation n’est pas claire et peut prêter à confusion. Il conviendrait d’être plus précis dans les termes. Il ne serait pas acceptable de discriminer l’ensemble des artistes, scientifiques ou sportifs au seul fait qu’ils soient israéliens ou juifs. Ce serait de la discrimination ni plus ni moins. Par contre, choisir de ne pas travailler avec des personnes soutenant publiquement la politique du gouvernent actuel est légitime et compréhensible.»

Mélenchon présent à Genève

Cependant, va-t-on vraiment vers le calme? Ce samedi 3 février, Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise (LFI) participera à une manifestation pro-palestinienne qui a lieu à Genève. Le rassemblement débutera à 14h30 devant le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et se terminera vers 16h devant les portes de l’ONU.