Dérapages des antivaccins. « L’antisémitisme doit nous faire réagir »

Dérapages des antivaccins. « L’antisémitisme doit nous faire réagir »

Histoire d’une vieille plaie

 

D’où viennent les fantasmes antisémites? Il faut comprendre que l’antisémitisme n’a rien à voir avec les juifs eux-mêmes, souligne Sandrine Kott, professeur d’histoire contemporaine de l’Europe à l’Université de Genève. C’est une projection contre laquelle les juifs ne peuvent rien: avant le XIXe, ils étaient haïs parce que vivant dans le ghetto; depuis, parce qu’ils en sont sortis. Et ils sont aussi assimilés à Israël, lui-même absurdement perçu comme un bloc.
En ce qui concerne le Covid, une chaîne de clichés absurdes se noue: Israël serait responsable du virus, mais aussi du vaccin. Les médecins juifs s’enrichiraient sur le dos des malades. Enfin les antivax se comparent aux juifs persécutés. Les juifs ne sont d’ailleurs pas les seules cibles, et d’autres groupes, comme les Asiatiques, sont également montrés du doigt.
L’antisémitisme a une longue histoire en Europe. Certains clichés sont réactivés en fonction des nécessités du moment. Avec le Covid, on voit resurgir sur les réseaux sociaux ceux de la peste noire de 1348, épidémie dont les juifs ont été rendus responsables à l’époque, ce qui avait donné lieu à d’épouvantables génocides. Les attaques d’aujourd’hui s’inscrivent par ailleurs dans un contexte de montée des extrêmes droites. Aux États-Unis, où le suprématisme blanc s’est beaucoup développé, la communauté juive est celle qui, en proportion de sa taille, est victime du plus grand nombre d’agressions. En janvier dernier, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a d’ailleurs mis en garde contre ce développement de l’antisémitisme encore ravivé par les peurs inspirées par la pandémie