«Il faut une parole claire pour dénoncer l’antisémitisme»

«Il faut une parole claire pour dénoncer l’antisémitisme»

La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation a recensé près de 150 actes antisémites entre le 7 et le 31 octobre. Son secrétaire général, Johanne Gurfinkiel, en appelle à la responsabilité des autorités et des élus.

Des tags, des propos haineux sur les réseaux sociaux ou dans les commentaires d’articles de presse mais aussi des insultes. On observe depuis quelques semaines une montée de l’antisémitisme. Le phénomène n’est malheureusement pas nouveau mais il a pris de l’ampleur depuis le 7 octobre, date des attaques du Hamas contre Israël depuis la bande de Gaza. Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) se dit très inquiet.

Comment la communauté juive vit-elle cette période?

Avec inquiétude. Une inquiétude renforcée par le manque de prise de position publique des autorités qui n’ont, semble-t-il, pas saisi l’attente des concitoyens désireux d’entendre une parole de solidarité et de prises d’initiatives. Il faut une parole claire dénonçant cette très forte croissance de l’antisémitisme qui sévit en Suisse notamment. Je parle spécifiquement d’antisémitisme dont les manifestations n’ont échappé à personne.

Combien d’actes antisémites la CICAD a-t-elle recensé ces dernières semaines?

On a enregistré 146 actes antisémites en Suisse romande entre le 7 et le 31 octobre. Dont 106 en ligne. Et 40  graffitis parfois ciblés tels que des croix gammées et des étoiles de David sur des lieux ou bâtiments dans lesquels des personnes au nom à consonance juive ont été identifiées ainsi que des insultes. Ce chiffre ne cesse de croître au gré des manifestations de haine que nous constatons. Que dire des messages de groupes d’extrême gauche et de leur média «Renversé» qui ont récemment salué la date du 7 octobre, alors même que les images des massacres délibérés de familles juives sont encore gravées dans nos mémoires.

Face à cette situation, quelles sont les actions envisagées?

La CICAD travaille actuellement à préparer des dossiers de dénonciations pénales bien que, dans de nombreux cas, le Ministère public pourrait s’auto-saisir. Face à ce climat délétère, c’est aussi à nos dirigeants de se faire entendre. Une parole politique qui se doit d’être marquée par la responsabilité et l’engagement vis à vis des concitoyens.