Johanne Gurfinkiel: «Préserver la mémoire de la Shoah est un combat essentiel»
Johanne Gurfinkiel: «Préserver la mémoire de la Shoah est un combat essentiel»
Le secrétaire général de la CICAD, alerte sur l’urgence de sensibiliser les jeunes générations et de préserver le sens profond de cette tragédie historique, 80 ans après la libération d’Auschwitz.
Alors que le 27 janvier marque la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), tire la sonnette d’alarme. La transmission de cette mémoire, essentielle 80 ans après la libération du camp d’Auschwitz, se heurte à des processus de banalisation des symboles nazis et à des comparaisons controversées.
Johanne Gurfinkiel pointe du doigt une banalisation préoccupante, illustrée par des comportements choquants jusque dans les écoles suisses. «Certains enseignants et élèves ont été sanctionnés pour avoir effectué des saluts nazis en classe», rapporte-t-il. Cette dérive exige selon lui un travail accru de sensibilisation et de prévention, notamment auprès des jeunes. À ce titre, la CICAD est intervenue plus de 2’000 élèves en Suisse romande à travers des ateliers et des visites pédagogiques, notamment à Auschwitz.
Des comparaisons jugées inacceptables
Johanne Gurfinkiel évoque le cas de Thierry Cerutti, conseiller municipal à Vernier, accusé d’avoir effectué un salut nazi. «Nous avons eu une discussion franche ce week-end, et s’il dément ces accusations, les témoignages restent multiples et contradictoires», explique-t-il. Tout en rappelant l’importance de la mémoire en ce moment de commémoration des 80 ans de la libération d’Auschwitz, Gurfinkiel souligne que cette polémique, survenant en pleine campagne électorale, ne doit pas détourner l’attention du travail crucial de sensibilisation.
Le secrétaire général de la CICAD s’élève également contre les amalgames entre la Shoah et d’autres événements contemporains, comme les crimes de guerre à Gaza. Il qualifie de «totalement irresponsable» une manchette comparant Auschwitz et Gaza: «Faire un tel parallèle dilue l’importance de la Shoah et dénature ce qu’a été l’industrialisation de la mort. Cela laisse entendre que les victimes d’hier seraient devenues les bourreaux d’aujourd’hui. C’est indigne.»
Face à ces enjeux, Johanne Gurfinkiel appelle à une prise de conscience collective. Si les initiatives de sensibilisation progressent, elles nécessitent un soutien renforcé des autorités et de la société civile. « Préserver la mémoire de la Shoah, c’est défendre la dignité humaine et éviter que de tels drames ne se reproduisent », conclut-il.