L’affaire des tags xénophobes du gymnase s’est réglée en catimini
L’homme condamné cette semaine pour avoir vandalisé l’établissement scolaire n’est pas lié aux inscriptions haineuses qui avaient suscité une vive émotion il y a deux ans. Un accord a en effet été trouvé il y a plusieurs mois entre les parties.
L’affaire des tags xénophobes du gymnase s’est réglée en catimini
La semaine dernière, un jeune homme devait répondre de nombreux délits devant le Tribunal d’arrondissement de La Côte, dont un tag sur une fenêtre du Gymnase de Morges, renvoyant à son compte Instagram où on le voyait, selon l’acte d’accusation, «avec des munitions d’une arme de poing 9 mm dans la bouche et les narines, en train de manipuler un chargeur munitionné de fusil d’assaut».
L’appropriation illégitime d’un casier tout comme des vidéos tournées à l’intérieur de l’établissement figurent encore à son palmarès marqué par l’apologie de la violence et sanctionné de deux ans de prison ferme. Car l’inventaire complet compile l’infraction à la loi fédérale sur les armes, des menaces de mort, du vol, des fausses déclarations à l’assurance ou encore une nuit en douce dans un hôtel de Saint-Sulpice!
Symboles racistes
Des tags au Gymnase de Marcelin, voilà qui rappelle forcément une affaire qui avait fait grand bruit et suscité une vive émotion en avril 2019: des inscriptions xénophobes avaient été découvertes un samedi matin avec stupeur par des élèves qui venaient assister à la répétition du chœur. Les images des croix gammées et de symboles ou propos insultants, racistes et menaçants avaient fait le tour des médias du pays, les auteurs ayant été arrêtés quelques jours après avoir sévi, sur fond – finalement non avéré – de «mouvance islamiste».
Une ambiance de peur s’était installée durant quelques jours dans les classes, vu la teneur des messages comme «L’islam vaincra», «Repent toi (sic)» ou «Allahu Akbar», de solidarité aussi puisque des élèves et des enseignants s’étaient spontanément annoncés pour effacer les tags et remettre sur pied l’exposition temporaire qui avait été «renversée».
«On est dans ce qui relève de la bêtise et aucunement d’une volonté de propager la doctrine nazie.»
Plus aucune information n’a circulé depuis et cela pour une bonne raison: l’affaire est classée depuis plusieurs mois, comme le confirme le procureur général du canton de Vaud, assurant au passage que les actes commis il y a deux ans n’ont aucun lien avec l’affaire jugée lundi à Nyon. «On est plus dans ce qui relève de la bêtise d’un groupe de trois ou quatre jeunes qui à un moment donné de leur vie ont été inspirés par les murs de plusieurs bâtiments, comme ceux d’un centre commercial ou de leur gymnase, pour exprimer leur créativité, image Eric Cottier. Nous avons classé l’affaire car il a été possible de conclure très rapidement au fait qu’il n’y avait aucune volonté de propager la doctrine nazie, pas plus qu’une autre d’ailleurs.»
Amende honorable
Les auteurs des faits – et leurs familles – ont donc assumé les frais et le nettoyage, en plus de faire amende honorable. On aurait pu imaginer une communication, notamment pour informer les élèves de cet épilogue piloté par la stupidité plutôt que par une force obscure, d’autant que la direction du gymnase avait naturellement déposé une plainte, comme elle le fait lors de chaque déprédation, ce qui reste assez rare hormis ces deux affaires de tags. «Depuis que je suis en poste à Morges, cela ne m’est arrivé qu’une seule fois, justement pour le cas jugé cette semaine», explique la directrice Anne Stettler. Avant de se raviser pour évoquer les alertes à la bombe du printemps dont ont été victimes plusieurs sites scolaires du canton. «Ces derniers événements restent liés à un contexte exceptionnel même s’ils se sont répétés à plusieurs reprises en quelques semaines, il est vrai», souligne la directrice.