Préjugés, complotisme… Mais que fait l’école?

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Quand les profs dérapent

Le débat sur la mission de l’école s’anime au moment où deux affaires occupent la Direction de l’enseignement secondaire. Après plusieurs mois d’enquête administrative, une activiste très en verve du mouvement coronasceptique, et qui a médiatisé ses déboires avec son employeur, a été suspendue de ses fonctions au CO. Elle n’a pas repris les cours à la rentrée. En été 2020, elle avait déjà reçu un blâme pour avoir tourné une vidéo avec l’humoriste Dieudonné, un multirécidiviste des condamnations pour propos antisémites, ce qui avait soulevé la question du «devoir de réserve» des enseignants. Une autre affaire, révélée en février par la Cicad, concerne une prof du CO. Celle-ci avait crié «Heil Hitler» en classe, et selon nos informations, elle n’en était pas à son premier dérapage. Elle aussi a été suspendue de ses fonctions, et une enquête est ouverte.

«De tels faits restent rares, heureusement, souligne Johanne Gurfinkiel. Leur signalement par des organismes tels que la Cicad permet naturellement une mise en lumière, qui me semble nécessaire. Mais je suis conscient qu’il ne s’agit cependant que de la partie émergée de l’iceberg. Nous recevons régulièrement des signalements malheureusement banalisés. Un exemple? Là, maintenant, à la rentrée, un élève de 10-12 ans confronté à des injures antisémites de la part d’autres élèves et la présence de croix gammées gravées dans les murs de l’école. Personne ne semblait s’être soucié de les effacer.»

En 2020, après l’affaire du «tee-shirt de la honte» au Cycle de Pinchat, trois étudiantes genevoises avaient lancé un compte sur Instagram intitulé «Balance ton école». Les témoignages, comme les personnes incriminées, sont anonymisés, et les mois qui ont suivi l’affaire, une bonne quantité de récits portant sur des dérapages, parfois graves, de profs surtout, d’élèves parfois, avaient afflué sur le compte: près de 80, dénonçant sexisme, racisme, islamophobie, homophobie, tant au Cycle qu’à l’ECG, à l’École de commerce et au Collège. Le dernier post date du mois d’avril 2021. Il faut prendre avec une extrême prudence ces signalements anonymes, mais ne questionnent-ils pas la prise en charge de ces problématiques dans le périmètre scolaire? Le DIP a bien sûr connaissance de ce compte Instagram. Mais il ne dit pas si des enquêtes ont été ouvertes suite à ces dénonciations. À ce sujet, Pierre-Antoine Preti rappelle simplement les procédures existantes: «En cas de situation problématique, tout élève peut sadresser à une personne de confiance dans létablissement. Celle-ci est tenue de relayer linformation auprès de la direction de létablissement afin que la situation soit traitée. Au cas où la confiance avec les collaborateurs du département serait rompue, lélève qui sestime victime peut alors sadresser en toute indépendance à la ligne ABUS-Écoute, mise en œuvre par le centre LAVI en 2018 à la demande du département.»