Rapport annuel de la CICAD. La hausse des actes antisémites se poursuit en Suisse romande

Rapport annuel de la CICAD. La hausse des actes antisémites se poursuit en Suisse romande

En Suisse romande, l’année 2023 se solde sur un total de 944 actes antisémites, soit une augmentation de 68% par rapport à l’année précédente. «Cette augmentation considérable est en grande partie due à l’importation du conflit Israël-Hamas, qui a servi et continue de servir de prétexte au déferlement de l’antisémitisme», écrit la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation) dans un communiqué sur son rapport annuel, publié ce jeudi matin.

La fréquence des cas a été multipliée par près de quatre depuis l’éclatement du conflit au Proche-Orient, le 7 octobre. En Suisse romande, le nombre moyen de cas mensuels était de 42,5 jusqu’à septembre, puis il a dépassé les 150 dès octobre, relève l’organisation. Autrement dit, il y a plus de cas sur les trois derniers mois de l’année que sur les neuf premiers.

D’abord les réseaux sociaux

Sur l’ensemble des cas romands de 2023, 151 (16%) sont vaudois. L’écrasante majorité des cas vaudois (80%) sont commis sur les réseaux sociaux. À lui seul, l’extrémiste Alain Soral, domicilié à Lausanne, totalise seize écrits signalés.

La plupart des autres cas sont des tags. Il y a quelques messages anonymes adressés à la synagogue de Lausanne et à la Cicad. Lors d’une manifestation en faveur des populations civiles, organisées par les partis de gauche à Yverdon, «toutes les affiches des otages israéliens ont été arrachées par des manifestants», écrit la Cicad. Les organisateurs ont été apparemment dépassés par des militants: l’un d’entre eux a tenu un discours «qui demandait la dissolution d’Israël», a rapporté par ailleurs «La Région».

Préoccupations scolaires

Mais ce qui préoccupe particulièrement l’organisation, ce sont les cas dans l’espace scolaire. En novembre, un élève de l’établissement Léon-Michaud à Yverdon s’est fait traiter de «sale juif» par un camarade lors du cours de sport. À Lausanne, un élève «problématique» de 9e année a dit à son enseignante d’origine juive «Le Hamas n’a pas fini son travail» et a écrit «Free Palestine!» sur sa copie d’examen, rapporte la Cicad. Et à la fin du mois, c’est dans une salle des maîtres à Moudon qu’une enseignante a dit à son collègue: «S’ils [les juifs suisses] ne se sentent pas en sécurité ici, ils peuvent partir.»

En décembre, dans une école lausannoise, on trouve le dessin d’un élève de cinquième (voir la photo) garni de propos orduriers et de dessins de doigts d’honneur et d’excréments. Enfin, le 22 décembre, le préau de l’école du Mottier, au Mont-sur-Lausanne est tagué de croix gammées.

Cinq évènements dans le cadre scolaire ont ainsi été décrits par la Cicad. Selon le Département de l’enseignement et de la formation professionnelle (DEF), trois cas ont été rapportés en haut lieu. Faute de détails, il n’est pas possible de savoir s’ils se recoupent ou pas avec ceux donnés par la Cicad.

«Depuis le début du conflit, nous surveillons la situation avec attention.»

Romaine Morard, collaboratrice personnelle de Frédéric Borloz (DEF)

Collaboratrice personnelle de Frédéric Borloz, conseiller d’État chargé de l’Enseignement, Romaine Morard commente: «Jusqu’à présent, trois cas ont été signalés au département. Nous sommes conscients qu’il pourrait y en avoir plus.»

La Cicad affirme: «Victimes, témoins ou auteurs, les élèves de Suisse romande méritent que des dispositions pédagogiques soient prises pour sensibiliser et combattre toutes les formes d’expression de racisme et d’antisémitisme». Que lui répond le Département de la formation? «Au sein de chaque établissement, du personnel compétent est à disposition des élèves en cas de problème, assure Romaine Morard. Depuis le début du conflit, nous surveillons la situation avec attention. S’il faut prendre des mesures, nous le ferons de manière proportionnée. Notre responsabilité est que ce conflit ne se joue pas dans l’école.»