Un salut nazi dans une association estudiantine provoque l’indignation

Un salut nazi dans une association estudiantine provoque l’indignation

 

Le dernier dîner du Ski-Club Académique suisse (SAS) ne s’est pas déroulé comme prévu, a appris la «Tribune de Genève». Devant près de 200 convives, un Genevois membre de cette association sportive s’est levé et a effectué un salut nazi. La section genevoise a pris des mesures en excluant cette personne pour une durée de deux ans, selon nos informations.

Fort de 1200 membres à travers toute la Suisse, le SAS a pour but de promouvoir le ski de compétition au niveau universitaire; il organise différents événements pour le compte de l’association Swiss University Sports.

C’est après une course, tenue durant le deuxième week-end de décembre à Saas-Fee, que le dîner dont il est question a eu lieu. Le participant incriminé se serait levé de sa chaise à l’appel de son nom par l’orateur du moment, et aurait effectué un salut nazi «clair et appuyé», selon un témoignage que nous avons pu obtenir. Et ce, pendant plusieurs secondes.

Réactions dans la salle

Face à ce geste, les réactions n’ont pas tardé dans la salle, où se trouvaient plusieurs membres de confession juive. Mais également des sponsors, partageant eux aussi cette même religion. Certains participants ont haussé les yeux au ciel, d’autres «auraient pleuré», selon un témoin. Une personne a même quitté la pièce.

Le comité central et celui de la section genevoise du SAS, à qui l’intéressé est affilié depuis plusieurs décennies, n’ont pas tardé à réagir. Un communiqué a été envoyé à tous les membres dans les vingt-quatre heures, «condamnant fermement le geste». L’auteur, que nous ne sommes pas parvenus à joindre, s’est excusé dans une lettre.

Un «pitre»

Mais chez les jeunes membres de la section (les étudiants ont entre 18 et 25 ans, les membres du comité entre 30 et 40), notamment les Alémaniques qui étaient présents au dîner, ce salut est particulièrement mal passé. La génération plus ancienne, en revanche, a davantage invoqué le pardon et la personnalité de son auteur, membre d’une grande famille genevoise: un septuagénaire décrit comme un «pitre, se faisant souvent remarquer».

«Ce qualificatif pour tenter de dédouaner l’auteur de ce salut nazi ne peut qu’interpeller. Il n’y a là rien d’anodin ni de risible.»

Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Cicad

La section genevoise a organisé une assemblée générale extraordinaire, mardi soir, afin de voter sur l’éviction du membre en question; l’AG a finalement été annulée. Un consensus a été trouvé autour d’une exclusion temporaire de deux ans.

Une décision «nécessaire»

«Compte tenu des excuses écrites et du repentir que le membre en question a manifesté, nous avons estimé qu’une suspension de deux ans était proportionnée, relève la présidente du comité central du SAS, Alix Marxer. Cette décision était nécessaire. Nous sommes un club de ski qui veut donner un cadre et des valeurs aux étudiants qui font de la compétition.»

Le SAS est effectivement une association historique en Suisse, qui fête cette année ses 100 ans. Il est membre de Swiss Ski, la fédération nationale liée à ce sport. Il compte sept sections, soit Bâle, Berne, Fribourg, Genève, Lausanne, Zurich… et Norvège.

«Valeurs fortes»

Mais l’affaire n’aura pas échappé à la CICAD. Son secrétaire général, Johanne Gurfinkiel, confie avoir été informé et avoir suivi ce dossier. «Je souhaite avant tout saluer la réaction du comité et des membres qui se sont soulevés au sein du SAS, indique-t-il. Elle témoigne des valeurs fortes qui guident le comité de cette organisation.»

Le terme de «pitre» employé par certains membres, en revanche, ne passe pas: «Ce qualificatif pour tenter de dédouaner l’auteur de ce salut nazi ne peut qu’interpeller. Il n’y a là rien d’anodin ni de risible. Tout cela est parfaitement inacceptable! Son auteur, dont le nom est désormais connu, s’est définitivement disqualifié.»