A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, ce 21 mars, le canton de Genève lance une campagne pour «couper la parole» au racisme. A terme, le conseiller l’Etat Thierry Apothéloz voit plus loin, avec une loi cantonale «visant spécifiquement toutes les formes de racisme».

«Il n’y a pas de racisme en Suisse»… Qui n’a jamais entendu cette affirmation, à une table de bistro, à l’occasion d’un repas ou d’une rencontre, ou tout simplement lors d’une discussion au travail?

Au-delà des propos tirés du quotidien, qu’en est-il réellement? La réalité est toute autre. Une étude que vient de publier la Confédération montre qu’un tiers de la population résidant en Suisse déclare avoir été victime de discriminations ou de violences, le plus souvent pour des motifs racistes. 1 On peut certes se réjouir que cette même étude mentionne le fait que la majorité de la population de notre pays considère le racisme comme un problème important.

Il n’en demeure pas moins que le racisme existe encore, et que les conséquences de ce fléau, qu’il s’agisse de propos, de discriminations ou de violences à caractère raciste, sont particulièrement graves pour les personnes concernées. Ces situations sont inadmissibles dans notre Etat de droit, et il est de la responsabilité des pouvoirs publics d’agir.

Le canton de Genève a donc décidé, à la lumière de ce constat établi tant par la Confédération que par des organismes internationaux, de s’engager encore davantage.

Tout d’abord par le biais d’une campagne de lutte contre le racisme, avec comme slogan le rappel que le racisme n’a pas le droit à la parole. La liberté d’expression est et doit être garantie en Suisse, mais les propos racistes n’en font pas partie. Tant notre Constitution fédérale, qui interdit les discriminations basées sur l’origine ou sur les convictions religieuses, que le Code pénal, qui interdit les propos racistes, sont là pour protéger la population. A ce cadre fédéral viendra s’ajouter, très bientôt je l’espère, une loi cantonale en préparation qui non seulement condamne le racisme, mais également le prévient.

En attendant, la campagne initiée par le canton, qui enjoint la population à «couper la parole» au racisme, prévoit une information disponible sur un nouveau site internet (stopracisme.ge.ch)2, où sont référencés les organismes auxquels les personnes victimes ou témoins de propos, actes ou discriminations à caractère raciste peuvent s’adresser, de manière gratuite et confidentielle.

Le dispositif existant va être renforcé avec des centres d’écoute consacrés à des populations visées par des formes spécifiques de racisme. Ainsi, victimes ou témoins pourront s’adresser soit à une structure généraliste, le Centre écoute contre le racisme, soit à d’autres structures, certaines existant déjà (comme la CICAD, pour l’antisémitisme), ou d’autres à promouvoir (comme celle de l’UPAF pour les personnes afro-descendantes), ou à soutenir (comme celle, nouvellement établie, mise en place par la Fondation DIAC, pour les personnes musulmanes).

Lors de la prochaine législature, si le Grand Conseil adopte le projet de loi-cadre générale sur les discriminations et le projet de loi sectorielle interdisant celles basées sur le genre, tous deux d’ores et déjà adoptés en commission, mon département élaborera une loi visant spécifiquement toutes les formes de racisme. Notre République se doit de protéger toute sa population, et le canton, par cette campagne, réaffirme son engagement à dénoncer un racisme illégal et contraire à nos valeurs.