La CICAD plus que jamais mobilisée

La CICAD plus que jamais mobilisée

Depuis le 7 octobre 2023, marqué par l’attaque tragique du Hamas, une vague de haine anti-juive s’est intensifiée à travers le monde, révélant la capacité de l’antisémitisme à alimenter les extrémismes de tous bords.

L’importation du conflit au Proche-Orient sur notre territoire a exacerbé les manifestations d’hostilité envers les juifs et juives en Suisse. Ce contexte souligne l’importance de la mission à laquelle nous nous attelons et l’intensification d’un travail sur tous les fronts face à cette situation alarmante.

En Suisse romande, les chiffres montrent une nette augmentation des incidents, tant en ligne que dans l’espace public. La CICAD, qui publie chaque année un rapport sur l’antisémitisme, a constaté une hausse très forte des actes :  944 en 2023 (soit + 68% par rapport à 2022), notamment sur les plateformes digitales, ainsi que des actes de vandalisme, des menaces et des agressions physiques. Ces incidents reflètent une recrudescence inquiétante des préjugés antisémites. Un antisémitisme allant jusqu’à la tentative de meurtre, avec l’agression au couteau d’un homme juif par un adolescent de 15 ans. La raison invoquée pour justifier son acte ? La guerre Israël-Hamas.

Au cours du premier semestre 2024, nous avons déjà enregistré plus de 550 cas, rien qu’en Suisse romande.

L’une des missions principales de la CICAD est l’accompagnement juridique solide des victimes d’actes antisémites. Un travail colossal et essentiel mené avec l’aide d’avocats spécialisés. Depuis le 7 octobre, les témoignages de victimes se sont multipliés et nous avons entamé pas moins d’une soixantaine de procédures. Ces expressions de haine se sont manifestées jusque dans les établissements scolaires. L’intervention de la CICAD s’est avérée nécessaire notamment après qu’une fillette de 10 se soit faite insultée et agressée devant son école par d’autres filles plus âgées.

Que dire du climat qui a gangréné les universités et la multiplication des occupations. Diverses organisations universitaires et extra-universitaires ont travaillé à la réactivation de ces occupations tout au long de l’été. La rentrée commence à peine qu’un agenda étudiant illustré par le slogan « From the River to the sea » et flirtant avec l’apologie du terrorisme circule gratuitement à l’UNIGE. Là encore il aura fallu réagir avec fermeté pour obtenir l’interdiction de sa distribution.

Ces quelques exemples illustrent les engagements de la CICAD face à la nécessité d’agir sur divers fronts pour combattre l’antisémitisme. Le travail quotidien de surveillance, de signalement, d’accompagnement mais aussi de pédagogie et de sensibilisation contribue à réduire la propagation de la haine, que ce soit en ligne, dans les écoles ou dans l’espace public.

Dès le début de cette montée de l’antisémitisme, la CICAD a déployé une communication soutenue à travers la diffusion de capsules vidéo d’analyse et de sensibilisation, multiplié les campagnes sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels. Des prises de positions fermes et des communiqués de presse se sont avérés nécessaires pour interpeller nos concitoyens de chaque débordement antisémite. C’est ainsi que la CICAD avait notamment dénoncé l’odieuse campagne « Apartheid Free Zone » appelant au boycott « des projets culturels, académiques ou sportifs visant à détourner l’attention du crime d’apartheid » associant tout israélien ou israélienne. L’indignation de la CICAD avait secoué l’opinion publique et fait réagir des élus qui sont montés au créneau pour dénoncer à leur tour cette campagne scandaleuse.

Cette mobilisation des autorités politiques est essentielle dans le combat que mène la CICAD. C’est pourquoi l’association développe toujours plus ses contacts avec les élus des partis à travers le Forum d’Action Publique ou les rencontres politiques tout au long de l’année. Aujourd’hui dans les cantons de Genève et de Vaud, demain dans toute la Romandie. Si ce travail de collaboration a pour but d’éveiller les consciences de nos élus, c’est avant tout pour garantir une réponse adéquate à chaque acte antisémite. Lors de la découverte de très nombreux graffitis antisémites sur les affiches de campagnes électorale, la CICAD avait donné l’alerte à travers un communiqué de presse. La Ville de Genève avait rapidement pris les mesures nécessaires pour dénoncer ces actes. Dans la foulée, les élus genevois ont, dans l’ensemble, exprimé leur solidarité avec la communauté juive, condamnant fermement les actes antisémites. Ils ont notamment pris position, à travers une vidéo intitulée « Antisémitisme : tolérance zéro ».

L’une des avancées législatives majeure, fruit du travail de la CICAD, concerne la loi interdisant les symboles nazis. Il aura fallu plus de 15 ans pour obtenir des élus qu’ils empoignent ce sujet et accompagnent la CICAD. Le débat autour de cette législation a pris de l’ampleur à la suite de manifestations publiques où de tels symboles ont été exhibés sans conséquences judiciaires. Fribourg a ouvert la voie en mars 2024, suivi de près par le canton de Vaud, Neuchâtel puis Genève le 9 juin, où l’interdiction des symboles nazis a été approuvée massivement par la population (85% de l’électorat) après avoir été soutenue par la plupart des partis.

Les enjeux auxquels la CICAD est confrontée sont donc politiques, législatifs et sociétaux. Ce combat contre l’antisémitisme s’inscrit dans une lutte plus large pour la protection des valeurs citoyennes libérales et universelles, menacées par la montée des extrémismes de tout bord. La CICAD ne peut cependant pas mener cette bataille seule. Dans cette lutte contre les nouveaux acteurs de l’antisémitisme, notre mobilisation constante doit rester de mise et s’enrichir du soutien de nos alliés et militants.

Mobilisons-nous !