Hausse alarmante des cas d’antisémitisme en Suisse romande

Hausse alarmante des cas d’antisémitisme en Suisse romande

En 2023, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad) a recensé 944 actes antisémites en Suisse romande, soit une hausse de 68% en comparaison de l’année 2022 (qui en dénombrait 562).

Selon le rapport annuel de l’organisation, divulgué cette semaine, cette augmentation considérable est en grande partie due au conflit entre Israël et le Hamas, «qui a servi et continue de servir de prétexte au déferlement de l’antisémitisme».

«Alors que 42,5 actes étaient recensés en moyenne chaque mois jusqu’en septembre, ils se montent à plus de 150 depuis le 7 octobre, date de déclenchement du conflit», précise la Cicad.

Élèves touchés

Cette augmentation concerne également les actes sérieux et les actes graves. En 2023, 78 cas sérieux ont été signalés, contre 23 l’année précédente. Ces actes prennent la forme de tags, d’affiches, de discours ou encore de messages ou courriels antisémites.

«Constatant que l’année 2024 débute déjà par de très nombreux signalements, il est impératif que les autorités réagissent.»

Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Cicad

Le rapport relève que les élèves romands sont particulièrement touchés par le phénomène antisémite. À Genève, dix cas ont été signalés. «Dans certains établissements, le mot «juif» est devenu une insulte et les mèmes (éléments culturels transmis par imitation d’un individu à un autre) à propos d’Hitler et du IIIe Reich sont très populaires sur les groupes WhatsApp des classes.»

Le document cite divers exemples, à l’image de celui d’une jeune Genevoise de 12 ans qui se fait régulièrement harceler par des camarades de classe lui disant: «Salut la juive, ça gaze?»

Cas graves

En ce qui concerne les actes graves, 22 cas ont été signalés, soit sept fois plus que l’année passée. La Cicad rappelle que les vitraux de la synagogue de La Chaux-de-Fonds ont été cassés à l’aide de gros blocs de neige glacés, que plusieurs institutions juives ont reçu des courriers antisémites ou encore qu’un élève juif de 11e a été agressé dans les vestiaires de la salle de gym de son école genevoise. «Un camarade l’a sprayé avec son déodorant en le menaçant: «Je vais te gazer comme tous les Juifs.»

Alarmée par la hausse de ces actes antisémites, la Cicad demande, dans un communiqué de presse, que des dispositions pédagogiques soient prises pour sensibiliser les élèves et combattre toutes les formes d’expression de racisme et d’antisémitisme.

DIP attentif

Contacté, le DIP se dit très attentif au climat qui règne dans ses écoles dans le contexte actuel de guerre entre Israël et le Hamas. «Il est très clair que tout acte de nature raciste ou antisémite n’a pas sa place à l’école. Nous appliquons une politique de tolérance zéro stricte. Nous l’avons rappelé dans un courrier adressé à toutes les collaboratrices et collaborateurs de nos écoles à l’automne dernier», indique Lauranne Peman-Bartolini, chargée de la communication du département.

Elle ajoute: «compte tenu du contexte, nous avons renforcé le focus du département sur ce sujet via la formation des professionnels, le contenu pédagogique et de prévention délivré aux enfants, ainsi que la collaboration avec nos partenaires.»

Symboles nazis interdits

La Cicad appelle également à ce que l’interdiction des symboles nazis dans l’espace public s’impose dans les législations fédérales et cantonales.

«Constatant que l’année 2024 débute déjà par de très nombreux signalements, il est impératif que les autorités réagissent vigoureusement en prenant des mesures politiques, judiciaires et éducatives», conclut son secrétaire général Johanne Gurfinkiel.